Une marseillaise pour trois. L’image était belle et presque surréaliste. La performance, historique. C’était à Sotchi, l’hiver dernier. Un podium 100% tricolore aux Jeux Olympiques, du jamais vu. Onze mois plus tard, la planète skicross s’est donnée rendez-vous en France, à Val Thorens, pour la deuxième Coupe du monde d’une saison marquée par le manque de neige. La station savoyarde organise cet événement international pour la troisième année consécutive. L’occasion de faire le bilan et de répondre à cette question : « Trois médailles olympiques, ça change quoi ? ».
Dans l’aire d’arrivée, ils étaient entre 1 500 et 2 000 spectateurs mais ils faisaient du bruit comme si il étaient 10 000. Cloches, tronçonneuse, cris, même le speaker était difficilement compréhensible dans ce brouhaha constant, entretenu par les belles performances des skieurs français. Jamais sur une Coupe du monde de skicross il n’y avait eu autant de bruit. Jamais sur une Coupe du monde de skicross il n’y avait eu autant de Fans Club. « Sur la fin du parcours, j’entendais le bruit. Ça m’a motivé, confie Jonathan Midol, bronzé à Sotchi et deuxième à Val Thorens. J’y ai pensé au départ en me disant qu’ils étaient en bas comme des fous et que je devais tout donner. » Il fallait être à Val Thorens le week-end dernier pour voir ça. « Chaque année, il y a de plus en plus de monde sur la piste et dans l’aire d’arrivée », explique Thierry Schoenauer, le président du club des sports de Val Thorens.
Pour la première fois, des gradins avaient été installés pour accueillir les Fans Club menés par les supporters des trois médaillés olympiques. Même si les tribunes n’étaient toujours pas remplies, depuis les Jeux, leurs effectifs ont considérablement augmenté. Pas étonnant, comme l’explique Grégory Guzzo, le directeur de l’office du tourisme de Val Thorens : « La médaille de Jean-Fred à Sotchi (Jean-Frédéric Chapuis, champion olympique, ndlr) a crée une forte émulation ici. Plus qu’une fierté pour nous tous, elle a permis de fédérer tous les acteurs de la station pour créer une vraie communauté autour de lui. » Une communauté sur laquelle le champion olympique s’appuie pour construire ses futures performances: « J’ai plus de poids dans la station. Quand je souhaite mettre en place des choses pour progresser et pour l’équipe de France, la station m’aide vraiment. » Depuis cette année, le parcours de skicross de Val Thorens a d’ailleurs été baptisé à son nom. Quelques vallées plus loin, à Arêches-Beaufort, un autre parcours à vu le jour : le « Bovocross ». Un clin d’œil au médaillé d’argent olympique. « La station surfe sur la vague de ce résultat, constate-t-il. Quand je me promène dans mon village, les gens me sollicitent. Ils me demandent comment ça va et où sont mes prochaines compétitions. Mais ma médaille olympique n’a pas chamboulé ma vie. » Sur ce point-là, les trois champions sont unanimes : « Nous pensions que nos médailles auraient plus d’impact. Nous avons essayé de trouver des sponsors communs mais ça n’a pas eu beaucoup de succès. » Du point de vue financier, leurs recettes ont augmenté, leur contrats ont été réévalués mais « nous espérions quand même mieux ». « Je pense que les contrats vont augmenter dans les années à venir, confie le Champion olympique. Il faut encore un peu de temps ».
Du point de vue médiatique, la triple performance a fait son petit effet. À Val Thorens, TF1, France 3 et l’Equipe 21 avaient fait le déplacement. Il y avait aussi, dans la zone presse, le quotidien national L’Equipe, l’AFP (le journaliste des journalistes, ndlr) et le Dauphiné Libéré. Une couverture médiatique plutôt rare bien que toujours timide. Cependant peu, voir pas d’étrangers dans les rangs. MCS Extrême, diffuseur de la compétition en France a fait un plateau sur place pour marquer le coup. Georges Alain Jones est journaliste sportif pour la chaîne, pour lui, le skicross est « porteur. Depuis Sotchi, nous ressentons un réel engouement pour la discipline notamment à travers les réactions sur les réseaux sociaux. La chaîne a même cassé sa tirelire pour obtenir les droits de diffusion sur la totalité des Coupe du monde jusqu’en 2017. Je pense que c’est un pari judicieux. »
Timidement, le skicross prend de l’ampleur. Mais il reste tout de même un sport confidentiel qui peine à conquérir le cœur du grand public. Les trois médailles aux Jeux olympiques ont fait naître quelques communautés dans les stations de ski mais n’ont pas encore permis de faire sortir de l’ombre ce sport spectacle. Il faudra sûrement attendre quatre ans et les prochains Jeux Olympiques pour le revoir à nouveau briller face aux projecteurs.
Méryll Boulangeat @Meryll_B
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