Pendant une semaine, retrouvez, chaque jour un article sur le Vendée Globe. Découvrez les coulisses de ce grand événement à travers des histoires, des acteurs et des hommes de l’ombre. Rencontre aujourd’hui avec l’équipe du port de plaisance qui accueille la compétition.
Naviguer entre les quais du port de plaisance d’Olona aux Sables d’Olonne avec Patrick Brégeon c’est comme visiter son jardin. Il en connaît toutes les allées et la plupart des bateaux n’ont pas de secrets pour lui. Pêcheurs, passeurs, plaisanciers ou bateau de commerce, il échange un petit mot, une petite blague avec chacun d’entre eux.
Une fois installé dans sa barque à moteur, la foule et l’agitation que génère l’événement semblent loin. Ici, sur l’eau, c’est un autre monde. Pas besoin de faire la queue pour approcher les bateaux de course, pas besoin non plus de marcher des kilomètres collés, serrés à ses voisins pour rejoindre l’autre bout du port. C’est d’ailleurs là-bas que Patrick Brégeon retrouve ses collègues devant un café dans le grand bâtiment flambant neuf de la capitainerie.
Ils sont quatorze à gérer le port et ses activités toute l’année, 24 heures sur 24. « Ici c’est comme un camping, s’amuse Patrick Brégeon. Notre rôle est de s’assurer que tout le monde est bien à sa place, que tout se passe bien sur les pontons, dans les sanitaires et aux abords du port ». La petite équipe possède aussi deux bateaux pilotés par des hommes multifonctions : « Il faut savoir maîtriser plusieurs corps de métiers. De la plomberie à l’électricité en passant par la menuiserie, l’entretien et la navigation », ajoute-t-il.
Chaque jour, quel que soit le temps et la force du vent les mêmes rituels se répètent. À partir de 6 heures du matin, les gardiens sillonnent le port pour faire l’inventaire des bateaux à quai. Veiller à ce que tout soit en ordre, chaque bateau à sa place. Et puis il faut vérifier que tout le monde a bien accès à l’eau et l’électricité, que les sanitaires et les pontons sont propres.
Une petite routine un peu troublée ces derniers temps par l’organisation de la compétition de voile la plus médiatique du monde. Le Vendée Globe a pris ses quartiers. Les 29 bateaux concurrents se sont amarrés sur les pontons libérés et configurés pour l’occasion. Une centaine d’embarcations ont été déplacées par les équipes d’un port remodelé pour accueillir les skippers et leurs montures. Aux voiliers de course s’ajoutent les bateaux de l’organisation, des équipes et les embarcations commerciales. Tout a été pensé et étudier à l’avance. Tout comme l’opération de dragage : « nous l’avons réalisée il y a un an, souligne Mathieu Thebaud, directeur du port. Cela nous a pris quatre mois pour enlever la vase. Pour accueillir des bateaux du Vendée Globe qui ont 4,50 mètres de tirant d’eau, c’est indispensable. Nous recommençons l’opération tous les quatre ans. » Un travail colossal.
Autre mission pour la petite équipe : gérer la masse de plaisanciers qui veulent assister au départ. « Nous fermons le port à partir du 5 octobre pour deux mois. À l’approche du départ le port est plein comme au mois d’août.» Loin de déplaire aux hommes en gris, cette affluence apporte une nouvelle ambiance à leur quotidien comme le décrit le maître de port adjoint, Franck Wojcik : « c’est super d’avoir le Vendée Globe, ça apporte un peu d’animation et ça nous permet de raccourcir la période hivernale qui est moins drôle. C’est aussi l’occasion de faire de belles rencontres. On croise des gens qui arrivent de plusieurs horizons différents. »
La majeure partie du travail de Mathieu Thebaud et de son équipe s’effectue en amont de l’événement. Une fois les voiliers installés à quai, ils sont relayés au second plan, l’organisation de la course prend le relais. « C’est tellement énorme que ça nous dépasse », confie le directeur d’Olona. Alors ils continuent leurs activités quotidiennes et se tiennent prêts à répondre aux sollicitations de l’organisation ou des skippers. La capitainerie prend des airs d’office de tourisme. Sophie Durandet, la secrétaire, passe sa journée à répondre aux questions des visiteurs.

Une partie de l’équipe du port d’Olona, dirigée par Mathieu Thebaud, qui accueil le Vendée Globe. Ils sont quatorze toute l’année et prévoient une dizaine de personnes supplémentaires le jour du départ pour assurer la sécurité en haut des pontons.
Dimanche, jour de départ de la flotte, ils seront au premier plan. Certains skippers font personnellement appelle à leur service pour les aider à manoeuvrer les voiliers en toute sécurité. Thebaud : « C’est le jour le plus stressant pour nous. Surtout si la météo est défavorable. Tout le monde veut partir en même temps pour suivre les coureurs jusqu’au dernier moment. Durant quelques heures on devient la police du port.»
Le départ de la course donnée, les artisans du port rentrent au camp de base. L’ambiance des jours qui suivent change subitement. « C’est tout calme, tout le monde est parti, tout est vide, creux, se souvient Sophie Durandet qui a assisté à toutes les éditions. C’est presque le cafard. » Avant que tout ne recommence…quatre ans plus tard.
Méryll Boulangeat @Meryll_B
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