L’UTMB (ultra trail du Mont-Blanc) est reconnu dans le monde entier. Le départ de ses 171 kilomètres de trail est toujours un moment intense. Reportage. Par Méryll Boulangeat (à Chamonix).
Le ciel est gris. L’air frais de fin de journée commence à tomber sur le village de Chamonix. Personne ne semble s’en plaindre ou s’en soucier. Tous les regards, et ils sont nombreux dans la station en cette fin de journée de septembre, sont tournés vers l’arche de départ qui a installé ses quartiers, pendant quelques jours, dans la Mecque de l’alpinisme et de la montagne. En gros, on peut lire UTMB. Le départ de la célèbre course internationale de trail sera donné d’ici quelques minutes. Petit à petit les deux cents coureurs rejoignent la ligne de départ, se frayant une place au milieu de cette foule qui les encourage et les regarde avec passion. Les favoris, sur le devant de la scène, sont aux premières loges pour apprécier la haie d’honneur qui leur est offerte par les nombreux spectateurs massés le long du parcours. À l’arrière, les concurrents se mélangent avec la foule. Si ils n’avaient pas de dossards, il serait même difficile de savoir qui court et qui encourage.
Les accents aussi se mêlent. Espagnol, Italien, Français, Anglais. Le speaker s’adapte et prend le temps de dire un petit mot pour toute cette joyeuse communauté. Alors que le présentateur valse avec les mots, ils sont nombreux à faire les équilibristes pour approcher de la scène. Ici, une dame âgée grimpe sur la chaise d’une terrasse extérieure, là, un monsieur, la quarantaine, cheveux foncés, escalade une étroite barrière de sécurité.
Pour éviter ces exercices artistiques, il fallait faire preuve de patience. À l’image de cette demoiselle, venue tout droit du Costa Rica pour assister à l’événement, qui s’est postée à quelques mètres de l’arrivée quatre heures avant l’heure de départ officielle. Les bonnes places se méritent. Les retardataires ne sont pas pour autant en reste et la même petite flamme s’allume au fond d’eux dès que la musique s’intensifie. Tout le monde tape dans les mains, le décompte est lancé. Plus que quelques minutes. Patrick Mathurin participe pour la sixième fois. Avec lui, jusqu’au moment du départ sa femme et ses six enfants sont au plus près de lui. « Une petite appréhension pour la deuxième nuit. Mon objectif est de terminé. Je suis pressé que ça parte. » Son épouse, elle, est « à fond. Toujours, tout le temps toute l’année. » Un peu à l’écart, sous le ton de la confidence, elle avoue « sa petite appréhension car ils annoncent de la neige à 2 000 mètres. »

Patrick Mathurin et sa petite famille de supporters quelques minutes avant le coup de feu.
CP/ Méryll B.
Un dernier sourire, une accolade, un bisou. Seul ou accompagné. Décontracté ou dans sa bulle. Chacun vit le moment à sa façon. Nombreux sont ceux qui ont décidé de les accompagner, par leurs bruyantes présences, sur ces premiers mètres d’une longue et belle aventure.
Boum, boum, boum. Le départ est lancé. Une marée humaine foule le chemin qui leur tend les bras. Les premiers pas d’une longue série de 171 kilomètres. Les derniers applaudissements redoublent d’intensité avant que le lieu ne reprenne ses droits.
L’église se dresse toujours aussi fièrement en attendant le retour de ses héros du jour. Les terrasses de café, un moment délaissées reprennent vie. Les commerces, fermés, ouvrent de nouveau. Les balcons sont désertés. Les parkings se vident. Quelques gouttes de pluie se mêlent à la fête. La nuit va bientôt tomber. Les coureurs ne s’arrêteront pas d’avancer jusqu’au lendemain, au moment où ils franchiront la ligne d’arriver. La pluie devrait alors avoir cessé, laissant sûrement place à quelques larmes partagées entre les heureux finishers et les passionnés spectateurs.
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