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Qui a dit que la danse n'était pas un sport ?

Nathalie Péchalat  CP/TF1

Nathalie Péchalat CP/TF1

Depuis trois mois, le samedi, elle enfile de jolies robes. Elle alterne avec amusement vêtement de princesse et tenue de demoiselle peu farouche. Et puis elle danse. Tous les samedi soir, elle danse. Nathalie Péchalat est une ancienne patineuse de haut niveau. Après 23 ans de compétition, deux titres de championne d’Europe et trois participations aux Jeux Olympiques, elle a décidé de mettre un terme à sa carrière l’hiver dernier. Les patins à peine posés, TF1 lui a proposé de participer à Danse avec les stars. Dans cette émission, la star c’est elle.

Nathalie Péchalat et son partenaire pendant 14 ans sur la glace, Fabian Bourzat CP/ Nathalie Péchalat

Nathalie Péchalat et son partenaire pendant 14 ans sur la glace, Fabian Bourzat CP/ Nathalie Péchalat

« Au début j’ai hésité. J’aime danser mais le côté star c’était un peu l’angoisse. Une de mes concurrente, Méryl Davis (championne olympique à Sotchi, ndlr), a participé à la version américaine. Ça c’est super bien passé pour elle et ça m’a convaincu. » Décidée, elle a foncé : « Comme en patinage, j’ai envie de donner le meilleur de moi-même, de montrer ce que je suis capable de faire. Par contre, je suis moins stressée que pendant une préparation olympique, je le prends plus comme un jeu. » Un jeu qui lui impose tout de même six heures d’entraînement par jour. « C’est assez intensif. Pour moi le défi est de l’ordre technique, pas physique. Il faut faire preuve de beaucoup de rigueur et penser à tout, de la pointe du pied jusqu’au placement de la tête. Contrairement au patinage, rien n’est naturel quand je danse. » Pour optimiser l’apprentissage quelques vieux réflexes de compétitrices ont refait surface : « Quand je rentre chez moi, j’essaie de visualiser les chorégraphies, de les répéter pour qu’elles rentrent plus facilement. »

Nathalie Péchalat sur le plateau de Danse avec les stars. CP/TF1

Nathalie Péchalat sur le plateau de Danse avec les stars. CP/TF1

Lorsqu’elle faisait du patinage, la jeune femme de 30 ans travaillait trois ou quatre mois sur deux programmes qu’elle améliorait au fil de la saison. Dans Danse avec les stars, le rythme est tout autre. « Je dois apprendre quatre chorégraphies en cinq jours. Je ne pensais pas en m’engageant dans cette émission que ce serait aussi accaparant. Toutes les semaines c’est une course contre-la-montre, un projet qui me prend 100% de mon temps et de mon énergie. Mais j’adore ça, j’adore danser et apprendre de nouveaux éléments techniques. » Sur la glace, jadis, la normande virevoltait avec Fabian Bourzat. Sur le plateau de TF1, les bras de Christophe ont remplacés ceux du patineur devenu entraîneur. « Pour moi la norme c’était Fabian. Après 14 ans passés ensemble, nous avions trouvé notre mode de fonctionnement et une certaine complicité. Danser avec quelqu’un d’autre m’a demandé de l’adaptation. Il m’a fallu un peu de temps pour modifier mes repères et avoir confiance sur les portés. Par contre, je pense que le fait d’avoir passé une grande partie de ma vie à travailler à deux est un avantage dans l’émission. Je sais gérer la communication et la proximité qui se crée, c’était mon quotidien. »

Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat sur la glace CP/ Nathalie Péchalat

Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat sur la glace CP/ Nathalie Péchalat

Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat pendant leur carrière de patineurs CP/ Nathalie Péchalat

Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat pendant leur carrière de patineurs CP/ Nathalie Péchalat

Avec Christophe, cependant, les choses ne se passent pas tout à fait comme avec son partenaire de l’époque. « Avec Fabian, nous contrôlions tout. De la chorégraphie, aux costumes en passant par le choix des entraîneurs et des tenues. Avec Christophe, je me laisse guider car ce n’est pas ma discipline. » La production y est aussi pour beaucoup. « Sur la glace, je me coiffais et me maquillais seule. Cela faisait partie de ma routine de compétition. C’était un moyen de gérer mon temps et mon stress avant de présenter mon programme. Sur les primes, c’est différent. Nous avons des maquilleuses, des coiffeuses et des costumières. Il faut s’en remettre à d’autres personnes. Pour moi, qui aime bien être dans le contrôle, ça n’a pas été évident au début mais j’ai appris à me laisser guider. »

Dans les coulisses de Danse avec les stars pendant un entraînement. Parmi participants, les anciens patineurs, Natahlie Péchalat et Brian Joubert CP/ Nathalie Péchalat, Instagram

Dans les coulisses de Danse avec les stars pendant un entraînement. Parmi participants, les anciens patineurs, Natahlie Péchalat et Brian Joubert CP/ Nathalie Péchalat, Instagram

Alors qu’elle pratiquait un sport plutôt confidentiel, sous la lumière des projecteurs tous les quatre ans environ, Nathalie s’est découvert une toute nouvelle notoriété. Son rapport avec les médias est complètement différent de ce qu’elle a vécu durant toute sa carrière. Elle aurait pu avoir tous les titres du monde jamais sa notoriété n’aurait été aussi grande : « Je comprend l’engouement des médias car l’émission touche le grand public. C’est normal que je sois plus médiatisée qu’avant mais malgré tout, je trouve que c’est de la folie. Il y a beaucoup de sportifs qui s’entraînent comme des fous et dont on ne parle jamais. C’est dommage. »

Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat se démarquaient sur la glace par leur originalité CP/ Nathalie Péchalat

Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat se démarquaient sur la glace par leur originalité CP/ Nathalie Péchalat

Samedi soir, Nathalie Péchalat dansera pour la victoire. Après trois mois d’aventure, elle vivra son dernier prime. « Je suis heureuse d’être allée au bout. Si il y a un trophée à la clé, ce sera génial mais ça ne changera pas ma vie. Ce ne sont pas les JO mais un simple aboutissement. » L’aboutissement d’un jeu où l’héroïne porte de jolies robes tous les samedi soir.

Méryll Boulangeat

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Pourquoi les Russes finissent-elles (presque) toujours par gagner ?

Ballet aquatique

 

Nathalie Péchalat sur le plateau de Danse avec les stars. CP/TF1

Nathalie Péchalat sur le plateau de Danse avec les stars. CP/TF1

 

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Pas besoin d’être un ninja pour être le meilleur

CP/Red Bull

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«  J’ai toujours aimé gagner. Ce qui me plaît, avant tout, c’est d’être en confrontation directe avec mon adversaire. » Lilou, de son nom de scène, est un des meilleurs breakdancer français. Ce week-end, il disputera, à Paris, la finale du Red Bull BC One. Invité suite à ses précédents succès sur la compétition, il sera opposé aux meilleurs danseurs du monde, qui ont passé toutes les sélections avec succès. Ils seront 16 compétiteurs, dont trois Français. Et à ce petit jeu-là, ils ne sont en général pas les plus mauvais. Lilou a remporté cette compétition, « la plus prestigieuse », deux fois (en 2005 et en 2009). L’édition de 2012 a également sacré un danseur tricolore (Mounir). « Le breakdance n’est pas encore très médiatique en France mais nous faisons quand même partie des meilleurs nations car nous sommes déterminés, explique le danseur de 30 ans. Je passe beaucoup de temps à travers le monde pour donner des stages et pour m’entraîner. C’est en Asie et en Amérique latine que la discipline est la plus développée bien que l’on commence à sentir une expansion un peu partout, comme en Europe de l’est par exemple. » La France figure dans le top trois des meilleures nations. Elle partage le podium avec les Américains, « c’est eux qui ont inventé le truc », et les Coréens, « le breakdance fait partie de leur mode de vie. Le côté un peu ninja, tout ça, leur correspond bien ».

CP/Red Bull

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Bboy lilou doing a freeze during Red bull Take one, Belgium on May 01 2011. CP/Red Bull

Bboy lilou doing a freeze during Red bull Take one, Belgium on May 01 2011. CP/Red Bull

Mais il ne suffit pas d’être un « ninja » pour être le meilleur danseur. « Plusieurs critères sont pris en compte : La musicalité, comment tu gères le Battle, la variation des figures, la propreté dans la réalisation des mouvements et le charisme, l’énergie que tu dégages sur scène. C’est un ensemble très complet. Le plus difficile, c’est d’exécuter les mouvements sur la musique. C’est le meilleur moyen de marquer des points. » La musique est un élément phare mais totalement aléatoire. Avant de monter sur scène les danseurs acrobates ne connaissent pas les choix des Dj. Surprise et donc improvisation totale pour les compétiteurs qui répètent des mouvements chacun leurs tours comme si ils se renvoyaient la balle à chaque fois. « Les mouvements, nous les travaillons beaucoup chez nous, en amont, car sur scène il faut être propre. Nous n’avons pas le droit à l’erreur. Pour m’entraîner, je fais aussi un peu de cardio. »

CP/Red Bull

Lors d’une précédente édition du Red Bull Bc One CP/Red Bull

Lilou s’inspire des arts martiaux, de la gymnastique, de la capoeira et de ce qu’il voit dans les films pour trouver de nouvelles idées, « des petits trucs » qu’il met en commun avec son groupe pour accoucher de nouveaux mouvements techniques.

À Paris, ce week-end, il espère bien réussir à réaliser ces nouvelles figures, celles sur lesquelles il travaille secrètement, à l’ombre des lumières depuis quelques mois. « J’ai fait quelques tests sur une compétition à Londres, que j’ai gagné, avant d’aller à Paris. C’est important de s’habituer à l’ambiance. Quand tu es en pleine lumière devant 2 000 personnes, tu n’as pas les mêmes repères et la même pression que dans ta salle d’entraînement. » C’est la première fois qu’un rassemblement de cette envergure est organisé en France. Lilou a déjà eu l’occasion d’aller au Brésil, en Afrique du Sud et en Corée. « Sur les Red Bull BC One, il y a toujours un sacré public, j’espère juste que les Français seront à la hauteur ». Difficile d’en douter quand on sait que les 2 000 places se sont écoulées en moins d’une demi-heure !

CP/Red Bull

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Méryll Boulangeat Meryll_B

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Margaux Chrétien (Natation Synchronisée) : Dans mon sac de sport #4

Vous allez découvrir au fil du temps une série de photographies qui mettent en lumière les espoirs français de Rio sous un angle…différent ! Les sportifs se mettent à nu en nous dévoilant l’intérieur de leur sac de sport. Objet banal en soi, son contenu peut révéler bien des surprises sur son ou sa propriétaire, en fonction de sa discipline et de sa personnalité. Dans la construction de sa performance, l’athlète a un rituel de préparation qui lui est propre. Les objets, font partie intégrante de ce rituel. Des petits trésors, des petites histoires qui, pour la première fois, sont partagés.

A 21 ans, Margaux Chrétien forme, avec Laura Augé, l’unique duo qui représentera la France lors de la dernière étape de Coupe du monde de natation synchronisée, samedi, à Québec (Canada). L’occasion rêvée pour découvrir les coulisses de la préparation de ces athlètes aussi aquatiques que gracieux. Le côté esthétique de la discipline joue un rôle important dans la décision des juges. Les sacs de sport des sportifs sont donc remplis de petits trésors féminins que Margaux a bien voulu partager…

 

Dans le sac de sport de Margaux Chrétien : bonnets de bain, lunettes de piscine, pince-nez, maillot à paillettes, barrettes, gélatine alimentaire, mascara waterproof, rouge à lèvres waterproof, ombres à paupières waterproof, coiffe.                                              Crédit Photo/Emmelieke Odul

Dans le sac de sport de Margaux Chrétien : Bonnets de bain, lunettes de piscine, pince-nez, maillot à paillettes, barrettes, gélatine alimentaire, mascara waterproof, rouge à lèvres waterproof, ombres à paupières waterproof, coiffe.                                        Crédit Photo/Emmelieke Odul

 

« Le bonnet de bain et les lunettes de piscine sont des accessoires de confort pour les entraînements, interdits en compétition. Un moyen de privilégier le côté artistique de la discipline. Pour les lunettes, certaines filles peuvent obtenir la dérogation d’un médecin si elles ont des problèmes de vue. Tenir les quatre minutes du ballet les yeux ouverts n’est pas compliqué, nous n’y pensons même pas. Pendant les entraînements, alors que nous devons enchaîner et répéter les exercices, c’est plus douloureux, ça pique.

Par contre, le pince-nez est indispensable, il est difficile de s’en passer. Si nous l’oublions, l’eau rentre dans les narines quand nous avons la tête en bas, nous pouvons nous noyer. Pendant la représentation il arrive qu’on le perdre en nous donnant des coups. Nous sommes prévoyantes et nous en avons toujours un deuxième, voir un troisième dans la bretelle de notre maillot de bain.

Le maillot à paillette, c’est notre costume. La dame qui les fabrique est Française, elle fait aussi des justaucorps pour les gymnastes. Nous en avons un par thème. Pour le maquillage, chaque maillot a sa panoplie adaptée. Tout est waterproof, même le démaquillant.

La coiffe aussi est assortie au maillot. La confection du chignon est une étape à part entière de la préparation. En plus des pinces, nous étalons sur les cheveux une pâte à base d’eau bouillante et de gélatine alimentaire. Cela permet de fixer les cheveux pour que les mèches rebelles ne viennent pas troubler notre ballet. L’odeur n’est pas très agréable, la préparation est gluante et à tendance à coller. Mais nous finissons par nous y habituer.

Je mets une heure pour me maquiller et me coiffer. Cette étape fait monter le stress, c’est le moment où je sens que la compétition est proche. J’ai la boule au ventre.Le ballet peut débuter. »

Propos recueillis par Méryll Boulangeat @Meryll_B

Photos : Emmelieke Odul

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Pourquoi les Russes finissent-elles (presque) toujours par gagner ?

Noémie Balthazard, membre des équipes de France d'ensemble.  Crédit photo : L'Equipe/Lablatinière

Noémie Balthazard, membre des équipes de France d’ensemble.
Crédit photo : L’Equipe/Lablatinière

Tous les sportifs de l’INSEP s’accordent à le dire : « Quand tu finis ton entraînement après les GR, c’est que la journée a été longue ». Les GR, ce sont ces jeunes filles, les gymnastes rythmiques de l’Equipe de France, qui s’entraînent entre 35 et 40 heures par semaine. Depuis la grande baie vitrée du complexe sportif d’Oriola de l’INSEP, les curieux ont un poste d’observation privilégié. En contre-bas, les gymnastes virevoltent telles de petites fées, faisant valser leurs engins (massue, ruban, ballon, cerceau ou corde) au rythme de la musique. Encore et encore, elles répètent leurs gammes, à la recherche de la perfection. Rares sont les moments où la salle est vide. Un entraînement intensif, pourtant insuffisant pour accrocher les podiums internationaux.

Noémie Balthazard lors d'une démonstration dans la salle d'Oriola de l'INSEP.  Crédit photo : L'Equipe/Martin

Noémie Balthazard lors d’une démonstration dans la salle d’Oriola de l’INSEP.
Crédit photo : L’Equipe/Martin

Depuis la création de la GR (anciennement GRS), dans les années 40, les gymnastes issues des pays de l’est dominent la discipline. Certes, le sport a vu le jour en Union Soviétique mais depuis, de nombreux pays le pratique…sans, néanmoins, ne jamais réussir à s’y imposer. Depuis 1963, date des premiers Championnats du monde, tous les titres mondiaux et olympiques ont été raflés par les Russes, les Bulgares et les Ukrainiennes. Un constat qui ne surprend pas Céline Nony, journaliste à l’Equipe et ancienne gymnaste : « Depuis une vingtaine d’années, ce sont surtout les Russes qui dominent (en concours individuel notamment, ndlr). Elles maîtrisent parfaitement tous les aspects de la GR. Physique, travail corporel, technique, inventivité, esthétique, elles ont tout d’un coup. Elles réalisent des performances incroyables. » Une perfection qui n’échappe  pas non plus aux yeux de Noémie Balthazard, membre de l’ensemble de l’Equipe de France depuis six ans. « En Russie, vers trois ans, on impose aux jeunes filles le sport qu’elles vont pratiquer. Ainsi, elles commencent le travail technique très tôt. Elles grandissent avec l’engin. Si bien que le touché à l’engin devient naturel, presque banal. Quand elles arrivent à maturité, elles sont capables de faire des choses incroyables. Ce sont presque des extraterrestres ».

Toujours une longueur d’avance

En France, les gymnastes découvrent le haut niveau vers 14, 15 ans. A cet âge là, en Russie, elles font déjà parties de meilleures du monde. « Il y a des campagnes de détection très précoces et très efficaces en Russie, explique la journaliste. Ils ratissent extrêmement large et font venir des jeunes filles de toute la région dans le centre national de formation. La concurrence entre les filles est très forte. » Une fois à Moscou, les jeunes gymnastes sont intégralement prises en charge avec leur ancien entraîneur. A celui-ci s’ajoute toute une structure : entraîneurs nationaux, danseurs, chorégraphes, cuisiniers, costumières, répétiteurs… « Le réservoir Russe est impressionnant, raconte Noémie Balthazard. Sur chaque compétition, nous découvrons de nouvelles gymnastes. En France, quand deux filles se blessent, il est très compliqué de les remplacer. » Grâce à ce réservoir étoffé, l’école russe accentue, au fil des années, sa domination. « Toutes les évolutions sont testées en amont sur les plus jeunes, explique Céline Nony. Quand elles arrivent à maturité, les autres nations n’ont même pas eu le temps d’envisager ces mouvements alors que les Russes les maîtrisent parfaitement. » Une longueur d’avance qui leur permet « d’initier les règles ». « Nous passons notre temps à imiter les Russes et les Bulgares », confie la jeune Française. Pour pousser plus loin le « plagiat », les fédérations européennes s’entourent d’entraîneurs venus tout droit de pays de l’est. Ainsi, depuis 2007, l’entraîneur de l’équipe de France, Adriana, est Bulgare. Et ses méthodes aussi, comme le raconte la gymnaste tricolore : « La façon d’aborder l’entraînement est complètement différente de ce qui se fait en France. A chaque séance, il y a un programme à respecter. Que l’on soit malades ou fatiguées, c’est la même chose, il faut aller au bout en exécutant parfaitement les exercices. Tant que nous n’avons pas réussi, nous continuons. Parfois ça peut durer longtemps. » Les jeunes Françaises franchissent souvent la frontière pour faire des stages dans le pays de leur coache. Un système qui a ses limites. « Adriana nous parle en anglais. Pour le côté technique, il n’y a pas de problèmes. Par contre, il est difficile de jouer sur le côté émotionnel, d’utiliser des mots qui nous parlent et qui nous donnent envie de se sortir les tripes en compétition. »

Entre 3000 et 5000 euros à 15 ans

Outres les méthodes d’entraînement, c’est tout un mode de vie qui diffère entre ces deux cultures. Les « filles de l’est » ne vivent que pour la GR. Très jeunes, elles gagnent déjà leur vie. Ainsi, en Russie, une adolescente de 15 ans gagne entre 3000 et 5000 euros par mois. Une situation en partie possible grâce à un personnage incontournable dans le milieu de la gymnastique rythmique : Irina Viner. Depuis le milieu des années 90, elle contrôle l’univers de la GR en Russie et par conséquent dans le monde. Elle bouleverse ainsi les codes du sport, faisant évoluer les règlements internationaux en fonction des qualités de ses gymnastes. Une influence en partie possible grâce à sa situation financière. Son mari, Alisher Ousmanov, est l’homme le plus riche du pays. Riche et dotée d’un fort caractère, la « grande prêtresse » de la GR s’autorise ainsi tout ce qu’il y a de meilleur. Création d’un centre sportif, déplacement dans les meilleurs hôtels. On la soupçonne, sans preuve, d’acheter quelques juges. Elle s’applique aussi à soigner ses petites protégées. « Un jour, la maman d’une gymnaste m’a confiée donner une cuillère de caviar chaque matin à sa fille car c’était, selon elle, l’aliment le plus riche en nutriments », s’amuse l’ex-gymnaste.

Irina Viner (au centre) pose, en 2010 aux côtés du président Russe, Dmitry Medvedev, et de l'équipe nationale de gymnastique rythmique.  Crédit photo : AFP

Irina Viner (au centre) pose, en 2010 aux côtés du président Russe, Dmitry Medvedev, et de l’équipe nationale de gymnastique rythmique.
Crédit photo : AFP

Plus au sud, en France, les GR ne gagnent rien. Tout en menant leur carrière sportive, elles doivent anticiper sur leur avenir. « Pour nous, la GR est un objectif à court terme qui relève d’un rêve d’enfant, souligne le gymnaste grenobloise. Nous avons un devoir moral, celui de représenter la France, mais rien d’autre. Parallèlement, nous préparons notre reconversion. Ce sont des concessions que nous nous refusons de faire car nous n’en avons pas les moyens ». Quand on évoque le « double projet » des meilleures mondiales avec Céline Nony, elle sourit : « Cette année, le manager de l’équipe de l’Azerbaïdjan est allé passer le bac pour ses filles qui disputaient le championnat d’Europe. En Russie, les filles ont des répétiteurs qui viennent leur enseigner un minimum de culture mais elles n’ont ni examen, ni université. C’est incomparable avec la situation des Françaises qui ont pourtant le même objectif final. »

Un objectif que les Françaises savent quasiment inatteignable. Mais pourtant, chaque matin, elles se lèvent, elles s’entraînent, elles regardent au loin avec toujours cette même envie : l’envie d’aller au bout de leur aventure et de toucher du doigt leur rêve d’enfant.

Méryll Boulangeat

@Meryll_B

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Noémie Balthazard (Gymnastique Rythmique) : Dans mon sac de sport #3

Vous allez découvrir au fil du temps une série de photographies qui mettent en lumière les espoirs français de Rio sous un angle…différent ! Les sportifs se mettent à nu en nous dévoilant l’intérieur de leur sac de sport. Objet banal en soi, son contenu peut révéler bien des surprises sur son ou sa propriétaire, en fonction de sa discipline et de sa personnalité. Dans la construction de sa performance, l’athlète a un rituel de préparation qui lui est propre. Les objets, font partie intégrante de ce rituel. Des petits trésors, des petites histoires qui pour la première fois sont partagés.

Du haut de ses 20 ans, Noémie Balthazard fait partie de l’Equipe de France de Gymnastique Rythmique depuis six ans. Avec son équipe, elle disputera, dans deux jours, les Championnats du monde, à Izmir en Turquie. L’occasion de découvrir l’intérieur de son sac de sport. Un sac de fille, à l’image du sport qu’elle pratique, glamour, brillant et coloré.  À travers Noémie, plongez dans l’univers si particulier de la GR. Ainsi, elle nous présente un objet plutôt insolite ainsi  qu’un autre dont l’histoire restera mystérieuse.

Dans le sac de sport de Noémie Balthazar : massues, barrettes, pomme de pain et pierre porte-bonheur, justaucorps, rouge à lèvres, serviette de transpiration, demi-pointes, gel coiffant, colle Satien, Vitamine C.

Dans le sac de sport de Noémie Balthazard : massues, barrettes, pomme de pain et pierre porte-bonheur, justaucorps, rouge à lèvres, serviette de transpiration, demi-pointes, gel coiffant, colle Satien, Vitamine C.                                              Crédit Photo/Emmelieke Odul

 

« Dans mon sac de compétition j’ai toujours mes deux porte-bonheur : une pierre qui brille et une pomme de pin. Si je les oublie ? Je ne suis pas trop superstitieuse mais… Je ne les oublie pas. Je vous raconte l’histoire de la pomme de pin mais celle de la pierre restera secrète. Cette pomme de pin date de mon ancienne équipe, celle des Jeux olympiques de Londres. Nous passions beaucoup de temps à l’intérieur. Nous l’avons ramassée sur le chemin du gymnase en nous disant qu’elle allait nous aider. Ce serait notre petit côté « nature ». Nous avons fait un super entraînement ce jour-là. Depuis je l’ai toujours avec moi.

Il y a aussi de la vitamine C dans mon sac, pour les petits coups de mou entre les deux passages.

La gymnastique rythmique est un sport esthétique. Le maquillage est indispensable. Le rouge à lèvre que l’on choisit a une importance capitale. Il doit être rouge. Il donne une touche féminine mais, surtout, il faut qu’on le voie de loin, qu’il ressorte. C’est important vis-à-vis des juges. Nous nous maquillons et nous coiffons seules.

Outre le maquillage et la coiffure, nous avons une tenue spécifique pour les représentations : deux justaucorps que nous gardons à peu près un an et demi. L’entraînement se fait en collant et en short. Mettre un « justau », comme on dit dans le jargon, n’est pas toujours très pratique. Il se déplace à chaque mouvement. Pour qu’il reste en place, nous utilisons de la colle Satien. Entre nous, nous appelons ça de la « colle-à-cul » ! Nous en appliquons sur la peau et le justau ne bouge plus, nous sommes tranquilles !

Nous utilisons ce justau avec les massues. Ils sont faits sur-mesure par une couturière d’origine bulgare, comme notre entraîneur. Les ailes de papillon font références à la musique utilisée pendant notre enchaînement : « Butterfly and Hurricanes » de Muse. Le nombre de strass est calculé. Sur celui-là, il y a 3500 Swarovsky. Avec la main-d’œuvre, c’est ce qui coûte le plus cher. Le tissu, lui, est abordable. Pour ce justau il faut compter environ 500 €.

Je prépare toujours mon sac la veille. Dans le groupe, nous avons toutes le même. Nous l’avions reçu pour les championnats du monde à Montpellier en 2011… La plus belle compétition de notre vie pour l’instant. »

Propos recueillis par Méryll Boulangeat @Meryll_B

Photos : Emmelieke Odul

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Ballet aquatique

Toutes les lignes d’eau de la piscine ont été supprimées. La piscine regorge d’énergie et de légèreté. Dans l’eau se cachent des nageurs venus du monde entier. Leur spécialité : la natation synchronisée. La ville de Montreuil (93) a accueilli, pour la quatrième année consécutive, « l’Open Make up for ever ». Une compétition qui commence à avoir sa petite renommée et qui attire les meilleurs nageurs de la planète. Européens, Asiatiques, Américains…Presque tous les continents étaient représentés.

Dans la piscine, tout le monde s’entraîne en même temps. Le bassin est en ébullition : jambes en l’air, pirouettes, éclaboussures…La scène est pittoresque : comme des acrobates ou des artistes, les nageurs répètent leur gamme. Une fois leur « numéro » terminé, ils lèvent la tête et se tournent vers les entraîneurs. Restés sur le bord de la piscine ceux-ci scrutent les moindres mouvements de leurs poulains. Ils regardent, n’en loupent pas une miette. Et puis ils donnent des conseils à leurs nageurs. Les instructions sont avant tout des codes, des mouvements. Ils gesticulent sur le bord de la piscine. Les mains, les bras, les corps : tout est expressif. Les nageurs décodent attentivement les signaux. Un langage spécifique, incompréhensible du public et pourtant tellement clair et précis pour les sportifs aquatiques.

Derniers conseils des entraîneurs

Derniers conseils des entraîneurs

Les entraînements terminés, les nageurs -majoritairement des nageuses- se préparent pour la représentation. Il faut se mettre sur son 31. Etre beau, être belle. Première étape : troquer son maillot de bain d’échauffement contre son habit de lumière, un maillot de bain à paillettes, exclusivement réservé aux compétitions et aux galas.

Dos aux tribunes, certaines filles n’hésitent pas à se dénuder, une serviette de bain comme seule protection des regards indiscrets du public. Une formalité pour ces nageuses qui passent leur temps en maillot de bain. D’autres se font plus discrètes, dans la zone réservée aux compétiteurs, à l’abri des spectateurs.

Deuxième étape : le maquillage. Les filles de l’équipe de France ont leurs propres maquilleuses pour l’événement. Un luxe, puisque la plupart du temps, elles se maquillent seules ou entre elles, dans les vestiaires. A Montreuil, toutes les équipes n’ont pas ce privilège. Certaines peaufinent leurs maquillages dans les toilettes publiques parmi les spectateurs incrédules.

Et pour finir : la coiffure. Les nageurs et les nageuses utilisent de la gélatine pour faire tenir leurs cheveux et ne pas être gênés pendant leur ballet.

Pendant ce temps, deux agents de sécurité tournent autour de la piscine. Le pull en laine de celui qui surveille les bassins contraste avec les tenues légères des nageuses.

Les juges arrivent. Ils sont quinze. Cinq jugent l’impression générale, cinq l’exécution et les cinq derniers se concentrent sur la difficulté. La compétition est lancée. Les nageurs vont évoluer sur la musique et le thème qu’ils ont choisis. Contrairement à une majorité d’autres sports, les filles et les garçons concourent dans la même catégorie. Dans les gradins, les regards sont tournés vers la piscine. Des drapeaux bleu, blanc, rouge virevoltent de toutes parts. Le public, plutôt féminin, marie à merveille connaisseurs et néophytes.

Les premiers nageurs arrivent… Les spectateurs retiennent leur souffle, la compétition est lancée… Place à la grâce, la magie et la légèreté…au plus grand bonheur des petites filles et des autres !

L'équipe de france de natation synchronisée

L’équipe mexicaine de natation synchronisée

Méryll Boulangeat

@Meryll_B

Crédit photos : Emmelieke Odul

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