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Justine Dupont, la surfeuse qui a dompté Belharra

Justine Dupond  Crédit Photo : Diane Sagnier

Justine Dupond
Crédit Photo : Diane Sagnier

Le 8 janvier, quand Justine Dupont, 22 ans, se gare sur le parking, il fait encore nuit. Elle ne la voit pas encore mais, sans aucun doute, celle pour qui elle est venue aujourd’hui est déjà réveillée… Elle ? C’est la vague de Belharra, la tant attendue Belharra !

La plus grosse vague de France qui ne marche que lorsque les conditions sont très grosses. Il peut se passer une année entière sans que Belharra ne soit surfable.

Belharra (le 28-10-2013) Crédit Photo : Olivier Caenon

Belharra (le 28-10-2013)
Crédit Photo : Olivier Caenon

Néanmoins depuis le mois d’octobre, la tendance est au gros sur la côte basque, puisque trois sessions ont pu être faites. Avec des hauteurs comprises entre 10 et 20 mètres, le spot fait le bonheur des meilleurs surfeurs de gros venus du monde entier, à l’image de l’Hawaïen Shane Dorian et du Landais Benjamin Sanchis qui se sont confrontés à la « montagne basque ».

Depuis peu, Justine fait partie de cette rare communauté de surfeurs capables de se mesurer à des vagues XXL. Le 28 octobre dernier, elle s’attaque à Belharra pour la première fois. A ce jour elle reste la seule fille à l’avoir surfée. Une expérience qui lui assure le record de la plus grosse vague surfée par une fille en Europe. Une vague estimée à une quinzaine de mètres de hauteur.  Depuis, elle a eu la chance de retourner deux fois à Belharra : le 22 décembre, en guise de cadeau de noël avant l’heure et le 8 janvier dernier, en guise de bon présage pour la nouvelle année !

En cette journée de janvier, la nuit est encore présente quand Justine et son pilote de jet ski, François Liets (manager du team Billabong) s’agitent dans le port d’Hendaye. Ils se préparent, enfilent leurs combinaisons, vérifient les derniers réglages. La majorité du matériel a été préparé la veille, pour être sûr de ne pas perdre de temps le moment venu. Et le temps leur est compté… D’autres équipes de surfeurs arrivent… La course est lancée, c’est à ceux qui seront les plus rapides, les premiers à l’eau, les premiers à prendre une vague. Pari réussi pour Justine et son équipe qui s’échappent du port avant tout le monde à bord du jet ski mis à la disposition de la surfeuse. « On est parti au large avec le lever du soleil. Quand le jour s’est levé, nous étions sur le spot. C’est toujours énorme d’arriver la première sur un site ! Dans le ciel, les nuages étaient roses, c’était beau. » Un moment presque hors du temps où la surfeuse se fond dans un décor fait d’océan, d’immensité et de belles couleurs.

Pas question pour autant de traîner, les autres équipes ne sont pas loin.  « François m’a lancé sur une vague (ndlr : tractée en jet ski). La première de la journée ! C’est moi qui ai ouvert le bal ! J’ai pris une vague super grosse ! J’étais super contente ! Quand tu prends une vague comme ça, ta session est faite, l’objectif est atteint ! »

L’objectif prématurément atteint, mademoiselle Dupond se lance un nouveau challenge : réussir à prendre une de ces grosses vagues à la force de ses bras. Le jet ski sur le banc de touche, Justine se met à la rame. « C’est super impressionnant ! Quand je suis tractée, François n’est jamais loin, c’est rassurant. Là, tu es toute seule au milieu de l’océan. Il y a toi, ta planche et les vagues. » Une fois le côté éprouvant mis de côté, Justine se lance à plusieurs reprises. « Je n’ai pas réussi à en surfer une seule. J’aurais pu en prendre une mais je n’avais pas la priorité. Je suis un peu déçue. » Déçue mais pas abattue la miss de Lacanau : « je me suis pris des vagues plein la tête. Ca peut paraître bizarre mais je suis contente de voir ce que ça fait, que je suis capable d’arriver à m’en sortir ! ».

Shootée à l’adrénaline 

Se prendre des vagues plein la tête et risquer des chutes qui peuvent être lourdes de conséquences… Mais qu’est ce qui pousse ces surfeurs de l’extrême à s’aventurer sur des terrains si dangereux ?

Belharra (28-10-2013) Crédit Photo : Olivier Caenon

Belharra (28-10-2013)
Crédit Photo : Olivier Caenon

 « Avant tout, c’est l’adrénaline. Quand j’ai quitté le port, j’avais tellement envie que j’ai ressenti une décharge d’adrénaline ! En fait, on se shoot, plaisante la jeune fille à la longue chevelure aussi dorée que bouclée. Les sensations sont toutes démultipliées. Que se soit la vitesse ou la puissance c’est impressionnant. La pente qu’on prend, c’est fou, c’est comme si tu surfais une montagne. Tu sens la houle qui devient vague, la formation de la vague sous ton pied. A la fin de la vague, j’ai vu un clapot plus gros que les autres. Je suis arrivée tellement vite dessus que j’ai décollé.  Et en tombant, j’ai ricoché sur l’eau tellement la vague était puissante. »

 Seule fille au milieu d’un univers à dominante masculine, Justine estime avoir de « la chance » de pouvoir vivre de tels moments. « J’aime bien cette ambiance, cette solidarité à l’eau. Dès qu’une vague arrive tout le monde se met à crier, raconte-elle. Même si je reconnais que c’est un sport un peu macho, en règle générale les garçons sont sympas. Ils m’aident, ils m’encouragent. Au début, quand ils ne me connaissent pas, ils sont un peu intrigués. Par contre, ils ne vont pas me laisser une vague, ils me considèrent à leur niveau. Je ne m’attends pas à être avantagée. Je dois gagner ma place autant que les autres… et même parfois un peu plus que les autres ! ».

C’est riche de ces expériences de surf de gros que Justine va continuer son bout de chemin sur la voie plus « traditionnelle » du surf féminin : les circuits  WQS et WCT de shortboard et de longboard où elle s’est déjà illustrée. « Je vais me refocaliser sur le shortboard. C’est ce qui me fait avancer. Et puis, je n’ai pas encore atteins mes objectifs en compétition. »

Le surf de grosses vagues restera pour un moment encore, la cerise sur le gâteau !

Justine Dupont  Crédit Photo : Diane Sagnier

Justine Dupont
Crédit Photo : Diane Sagnier

Méryll Boulangeat

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