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Vendée Globe : Bienvenue dans mon port !

Pendant une semaine, retrouvez, chaque jour un article sur le Vendée Globe. Découvrez les coulisses de ce grand événement à travers des histoires, des acteurs et des hommes de l’ombre. Rencontre aujourd’hui avec l’équipe du port de plaisance qui accueille la compétition.

Patrick Brégeon, agent du port des Sables d’Olonne.

Naviguer entre les quais du port de plaisance d’Olona aux Sables d’Olonne avec Patrick Brégeon c’est comme visiter son jardin. Il en connaît toutes les allées et la plupart des bateaux n’ont pas de secrets pour lui. Pêcheurs, passeurs, plaisanciers ou bateau de commerce, il échange un petit mot, une petite blague avec chacun d’entre eux.

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Erwan Benech (Athlétisme) : Dans mon sac de sport #5

Vous avez découvert au fil du temps une série de photographies qui mettent en lumière les espoirs français de Rio sous un angle…différent ! C’est l’heure du cinquième épisode. Les sportifs se mettent à nu en nous dévoilant l’intérieur de leur sac de sport. Objet banal en soi, son contenu peut révéler bien des surprises sur son ou sa propriétaire, en fonction de sa discipline et de sa personnalité. Dans la construction de sa performance, l’athlète a un rituel de préparation qui lui est propre. Les objets, font partie intégrante de ce rituel. Des petits trésors, des petites histoires qui, pour la première fois, sont partagés.

Champion de France espoir sur la distance du 1 500 mètres, dimanche dernier, Erwan Benech a ajouté un quatrième titre tricolore a son palmarès. L’athlète, qui s’entraîne à l’INSEP, rêve ouvertement de Rio. Avec ce titre, il se rapproche un peu plus de son objectif. Aujourd’hui, il nous ouvre les portes de son intimité en dévoilant l’intérieur de son sac de sport où se cachent bien des surprises…

Dans le sac de sport d'Erwan Benech : Tee-shirt, jogging, chronomètre, coupe-vent, armonica, lecteur mp3, tongs brésiliennes. Crédit Photo/Emmelieke Odul

Dans le sac de sport d’Erwan Benech : Tee-shirt, jogging, chronomètre, coupe-vent, armonica, lecteur mp3, tongs brésiliennes. Crédit Photo/Emmelieke Odul

« Le contenu de mon sac de sport est assez simple. J’aime bien être assorti quand je vais courir. Je me sens bien et je trouve que c’est la classe. Mon sponsor m’envoie deux cartons de vêtements par an. Les couleurs changent en fonction des saisons. J’ai une fiche à remplir sur laquelle je note ce que je veux.

Dans ces fameux cartons, on retrouve les indispensables : Lire la suite

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Margaux Chrétien (Natation Synchronisée) : Dans mon sac de sport #4

Vous allez découvrir au fil du temps une série de photographies qui mettent en lumière les espoirs français de Rio sous un angle…différent ! Les sportifs se mettent à nu en nous dévoilant l’intérieur de leur sac de sport. Objet banal en soi, son contenu peut révéler bien des surprises sur son ou sa propriétaire, en fonction de sa discipline et de sa personnalité. Dans la construction de sa performance, l’athlète a un rituel de préparation qui lui est propre. Les objets, font partie intégrante de ce rituel. Des petits trésors, des petites histoires qui, pour la première fois, sont partagés.

A 21 ans, Margaux Chrétien forme, avec Laura Augé, l’unique duo qui représentera la France lors de la dernière étape de Coupe du monde de natation synchronisée, samedi, à Québec (Canada). L’occasion rêvée pour découvrir les coulisses de la préparation de ces athlètes aussi aquatiques que gracieux. Le côté esthétique de la discipline joue un rôle important dans la décision des juges. Les sacs de sport des sportifs sont donc remplis de petits trésors féminins que Margaux a bien voulu partager…

 

Dans le sac de sport de Margaux Chrétien : bonnets de bain, lunettes de piscine, pince-nez, maillot à paillettes, barrettes, gélatine alimentaire, mascara waterproof, rouge à lèvres waterproof, ombres à paupières waterproof, coiffe.                                              Crédit Photo/Emmelieke Odul

Dans le sac de sport de Margaux Chrétien : Bonnets de bain, lunettes de piscine, pince-nez, maillot à paillettes, barrettes, gélatine alimentaire, mascara waterproof, rouge à lèvres waterproof, ombres à paupières waterproof, coiffe.                                        Crédit Photo/Emmelieke Odul

 

« Le bonnet de bain et les lunettes de piscine sont des accessoires de confort pour les entraînements, interdits en compétition. Un moyen de privilégier le côté artistique de la discipline. Pour les lunettes, certaines filles peuvent obtenir la dérogation d’un médecin si elles ont des problèmes de vue. Tenir les quatre minutes du ballet les yeux ouverts n’est pas compliqué, nous n’y pensons même pas. Pendant les entraînements, alors que nous devons enchaîner et répéter les exercices, c’est plus douloureux, ça pique.

Par contre, le pince-nez est indispensable, il est difficile de s’en passer. Si nous l’oublions, l’eau rentre dans les narines quand nous avons la tête en bas, nous pouvons nous noyer. Pendant la représentation il arrive qu’on le perdre en nous donnant des coups. Nous sommes prévoyantes et nous en avons toujours un deuxième, voir un troisième dans la bretelle de notre maillot de bain.

Le maillot à paillette, c’est notre costume. La dame qui les fabrique est Française, elle fait aussi des justaucorps pour les gymnastes. Nous en avons un par thème. Pour le maquillage, chaque maillot a sa panoplie adaptée. Tout est waterproof, même le démaquillant.

La coiffe aussi est assortie au maillot. La confection du chignon est une étape à part entière de la préparation. En plus des pinces, nous étalons sur les cheveux une pâte à base d’eau bouillante et de gélatine alimentaire. Cela permet de fixer les cheveux pour que les mèches rebelles ne viennent pas troubler notre ballet. L’odeur n’est pas très agréable, la préparation est gluante et à tendance à coller. Mais nous finissons par nous y habituer.

Je mets une heure pour me maquiller et me coiffer. Cette étape fait monter le stress, c’est le moment où je sens que la compétition est proche. J’ai la boule au ventre.Le ballet peut débuter. »

Propos recueillis par Méryll Boulangeat @Meryll_B

Photos : Emmelieke Odul

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Pourquoi les Russes finissent-elles (presque) toujours par gagner ?

Noémie Balthazard, membre des équipes de France d'ensemble.  Crédit photo : L'Equipe/Lablatinière

Noémie Balthazard, membre des équipes de France d’ensemble.
Crédit photo : L’Equipe/Lablatinière

Tous les sportifs de l’INSEP s’accordent à le dire : « Quand tu finis ton entraînement après les GR, c’est que la journée a été longue ». Les GR, ce sont ces jeunes filles, les gymnastes rythmiques de l’Equipe de France, qui s’entraînent entre 35 et 40 heures par semaine. Depuis la grande baie vitrée du complexe sportif d’Oriola de l’INSEP, les curieux ont un poste d’observation privilégié. En contre-bas, les gymnastes virevoltent telles de petites fées, faisant valser leurs engins (massue, ruban, ballon, cerceau ou corde) au rythme de la musique. Encore et encore, elles répètent leurs gammes, à la recherche de la perfection. Rares sont les moments où la salle est vide. Un entraînement intensif, pourtant insuffisant pour accrocher les podiums internationaux.

Noémie Balthazard lors d'une démonstration dans la salle d'Oriola de l'INSEP.  Crédit photo : L'Equipe/Martin

Noémie Balthazard lors d’une démonstration dans la salle d’Oriola de l’INSEP.
Crédit photo : L’Equipe/Martin

Depuis la création de la GR (anciennement GRS), dans les années 40, les gymnastes issues des pays de l’est dominent la discipline. Certes, le sport a vu le jour en Union Soviétique mais depuis, de nombreux pays le pratique…sans, néanmoins, ne jamais réussir à s’y imposer. Depuis 1963, date des premiers Championnats du monde, tous les titres mondiaux et olympiques ont été raflés par les Russes, les Bulgares et les Ukrainiennes. Un constat qui ne surprend pas Céline Nony, journaliste à l’Equipe et ancienne gymnaste : « Depuis une vingtaine d’années, ce sont surtout les Russes qui dominent (en concours individuel notamment, ndlr). Elles maîtrisent parfaitement tous les aspects de la GR. Physique, travail corporel, technique, inventivité, esthétique, elles ont tout d’un coup. Elles réalisent des performances incroyables. » Une perfection qui n’échappe  pas non plus aux yeux de Noémie Balthazard, membre de l’ensemble de l’Equipe de France depuis six ans. « En Russie, vers trois ans, on impose aux jeunes filles le sport qu’elles vont pratiquer. Ainsi, elles commencent le travail technique très tôt. Elles grandissent avec l’engin. Si bien que le touché à l’engin devient naturel, presque banal. Quand elles arrivent à maturité, elles sont capables de faire des choses incroyables. Ce sont presque des extraterrestres ».

Toujours une longueur d’avance

En France, les gymnastes découvrent le haut niveau vers 14, 15 ans. A cet âge là, en Russie, elles font déjà parties de meilleures du monde. « Il y a des campagnes de détection très précoces et très efficaces en Russie, explique la journaliste. Ils ratissent extrêmement large et font venir des jeunes filles de toute la région dans le centre national de formation. La concurrence entre les filles est très forte. » Une fois à Moscou, les jeunes gymnastes sont intégralement prises en charge avec leur ancien entraîneur. A celui-ci s’ajoute toute une structure : entraîneurs nationaux, danseurs, chorégraphes, cuisiniers, costumières, répétiteurs… « Le réservoir Russe est impressionnant, raconte Noémie Balthazard. Sur chaque compétition, nous découvrons de nouvelles gymnastes. En France, quand deux filles se blessent, il est très compliqué de les remplacer. » Grâce à ce réservoir étoffé, l’école russe accentue, au fil des années, sa domination. « Toutes les évolutions sont testées en amont sur les plus jeunes, explique Céline Nony. Quand elles arrivent à maturité, les autres nations n’ont même pas eu le temps d’envisager ces mouvements alors que les Russes les maîtrisent parfaitement. » Une longueur d’avance qui leur permet « d’initier les règles ». « Nous passons notre temps à imiter les Russes et les Bulgares », confie la jeune Française. Pour pousser plus loin le « plagiat », les fédérations européennes s’entourent d’entraîneurs venus tout droit de pays de l’est. Ainsi, depuis 2007, l’entraîneur de l’équipe de France, Adriana, est Bulgare. Et ses méthodes aussi, comme le raconte la gymnaste tricolore : « La façon d’aborder l’entraînement est complètement différente de ce qui se fait en France. A chaque séance, il y a un programme à respecter. Que l’on soit malades ou fatiguées, c’est la même chose, il faut aller au bout en exécutant parfaitement les exercices. Tant que nous n’avons pas réussi, nous continuons. Parfois ça peut durer longtemps. » Les jeunes Françaises franchissent souvent la frontière pour faire des stages dans le pays de leur coache. Un système qui a ses limites. « Adriana nous parle en anglais. Pour le côté technique, il n’y a pas de problèmes. Par contre, il est difficile de jouer sur le côté émotionnel, d’utiliser des mots qui nous parlent et qui nous donnent envie de se sortir les tripes en compétition. »

Entre 3000 et 5000 euros à 15 ans

Outres les méthodes d’entraînement, c’est tout un mode de vie qui diffère entre ces deux cultures. Les « filles de l’est » ne vivent que pour la GR. Très jeunes, elles gagnent déjà leur vie. Ainsi, en Russie, une adolescente de 15 ans gagne entre 3000 et 5000 euros par mois. Une situation en partie possible grâce à un personnage incontournable dans le milieu de la gymnastique rythmique : Irina Viner. Depuis le milieu des années 90, elle contrôle l’univers de la GR en Russie et par conséquent dans le monde. Elle bouleverse ainsi les codes du sport, faisant évoluer les règlements internationaux en fonction des qualités de ses gymnastes. Une influence en partie possible grâce à sa situation financière. Son mari, Alisher Ousmanov, est l’homme le plus riche du pays. Riche et dotée d’un fort caractère, la « grande prêtresse » de la GR s’autorise ainsi tout ce qu’il y a de meilleur. Création d’un centre sportif, déplacement dans les meilleurs hôtels. On la soupçonne, sans preuve, d’acheter quelques juges. Elle s’applique aussi à soigner ses petites protégées. « Un jour, la maman d’une gymnaste m’a confiée donner une cuillère de caviar chaque matin à sa fille car c’était, selon elle, l’aliment le plus riche en nutriments », s’amuse l’ex-gymnaste.

Irina Viner (au centre) pose, en 2010 aux côtés du président Russe, Dmitry Medvedev, et de l'équipe nationale de gymnastique rythmique.  Crédit photo : AFP

Irina Viner (au centre) pose, en 2010 aux côtés du président Russe, Dmitry Medvedev, et de l’équipe nationale de gymnastique rythmique.
Crédit photo : AFP

Plus au sud, en France, les GR ne gagnent rien. Tout en menant leur carrière sportive, elles doivent anticiper sur leur avenir. « Pour nous, la GR est un objectif à court terme qui relève d’un rêve d’enfant, souligne le gymnaste grenobloise. Nous avons un devoir moral, celui de représenter la France, mais rien d’autre. Parallèlement, nous préparons notre reconversion. Ce sont des concessions que nous nous refusons de faire car nous n’en avons pas les moyens ». Quand on évoque le « double projet » des meilleures mondiales avec Céline Nony, elle sourit : « Cette année, le manager de l’équipe de l’Azerbaïdjan est allé passer le bac pour ses filles qui disputaient le championnat d’Europe. En Russie, les filles ont des répétiteurs qui viennent leur enseigner un minimum de culture mais elles n’ont ni examen, ni université. C’est incomparable avec la situation des Françaises qui ont pourtant le même objectif final. »

Un objectif que les Françaises savent quasiment inatteignable. Mais pourtant, chaque matin, elles se lèvent, elles s’entraînent, elles regardent au loin avec toujours cette même envie : l’envie d’aller au bout de leur aventure et de toucher du doigt leur rêve d’enfant.

Méryll Boulangeat

@Meryll_B

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Noémie Balthazard (Gymnastique Rythmique) : Dans mon sac de sport #3

Vous allez découvrir au fil du temps une série de photographies qui mettent en lumière les espoirs français de Rio sous un angle…différent ! Les sportifs se mettent à nu en nous dévoilant l’intérieur de leur sac de sport. Objet banal en soi, son contenu peut révéler bien des surprises sur son ou sa propriétaire, en fonction de sa discipline et de sa personnalité. Dans la construction de sa performance, l’athlète a un rituel de préparation qui lui est propre. Les objets, font partie intégrante de ce rituel. Des petits trésors, des petites histoires qui pour la première fois sont partagés.

Du haut de ses 20 ans, Noémie Balthazard fait partie de l’Equipe de France de Gymnastique Rythmique depuis six ans. Avec son équipe, elle disputera, dans deux jours, les Championnats du monde, à Izmir en Turquie. L’occasion de découvrir l’intérieur de son sac de sport. Un sac de fille, à l’image du sport qu’elle pratique, glamour, brillant et coloré.  À travers Noémie, plongez dans l’univers si particulier de la GR. Ainsi, elle nous présente un objet plutôt insolite ainsi  qu’un autre dont l’histoire restera mystérieuse.

Dans le sac de sport de Noémie Balthazar : massues, barrettes, pomme de pain et pierre porte-bonheur, justaucorps, rouge à lèvres, serviette de transpiration, demi-pointes, gel coiffant, colle Satien, Vitamine C.

Dans le sac de sport de Noémie Balthazard : massues, barrettes, pomme de pain et pierre porte-bonheur, justaucorps, rouge à lèvres, serviette de transpiration, demi-pointes, gel coiffant, colle Satien, Vitamine C.                                              Crédit Photo/Emmelieke Odul

 

« Dans mon sac de compétition j’ai toujours mes deux porte-bonheur : une pierre qui brille et une pomme de pin. Si je les oublie ? Je ne suis pas trop superstitieuse mais… Je ne les oublie pas. Je vous raconte l’histoire de la pomme de pin mais celle de la pierre restera secrète. Cette pomme de pin date de mon ancienne équipe, celle des Jeux olympiques de Londres. Nous passions beaucoup de temps à l’intérieur. Nous l’avons ramassée sur le chemin du gymnase en nous disant qu’elle allait nous aider. Ce serait notre petit côté « nature ». Nous avons fait un super entraînement ce jour-là. Depuis je l’ai toujours avec moi.

Il y a aussi de la vitamine C dans mon sac, pour les petits coups de mou entre les deux passages.

La gymnastique rythmique est un sport esthétique. Le maquillage est indispensable. Le rouge à lèvre que l’on choisit a une importance capitale. Il doit être rouge. Il donne une touche féminine mais, surtout, il faut qu’on le voie de loin, qu’il ressorte. C’est important vis-à-vis des juges. Nous nous maquillons et nous coiffons seules.

Outre le maquillage et la coiffure, nous avons une tenue spécifique pour les représentations : deux justaucorps que nous gardons à peu près un an et demi. L’entraînement se fait en collant et en short. Mettre un « justau », comme on dit dans le jargon, n’est pas toujours très pratique. Il se déplace à chaque mouvement. Pour qu’il reste en place, nous utilisons de la colle Satien. Entre nous, nous appelons ça de la « colle-à-cul » ! Nous en appliquons sur la peau et le justau ne bouge plus, nous sommes tranquilles !

Nous utilisons ce justau avec les massues. Ils sont faits sur-mesure par une couturière d’origine bulgare, comme notre entraîneur. Les ailes de papillon font références à la musique utilisée pendant notre enchaînement : « Butterfly and Hurricanes » de Muse. Le nombre de strass est calculé. Sur celui-là, il y a 3500 Swarovsky. Avec la main-d’œuvre, c’est ce qui coûte le plus cher. Le tissu, lui, est abordable. Pour ce justau il faut compter environ 500 €.

Je prépare toujours mon sac la veille. Dans le groupe, nous avons toutes le même. Nous l’avions reçu pour les championnats du monde à Montpellier en 2011… La plus belle compétition de notre vie pour l’instant. »

Propos recueillis par Méryll Boulangeat @Meryll_B

Photos : Emmelieke Odul

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Le football vu par un sociologue

Pourquoi le football passionne-t-il autant ? Christian Bromberger, sociologue et anthropologue du football, s’est posé la question. Pour lui, le sport au ballon rond est un condensé de la vie. Une sorte de miroir qui reflèterait notre quotidien : « Il y a dans ce sport quelque chose qui renseigne sur la vie. Pour réussir, il faut du mérite, de la solidarité et un fort esprit d’équipe. Et comme dans la vie de tous les jours, le facteur chance joue un rôle important. Il est difficile à maîtriser, inanticipable. » Réussite, échec, chance. Christian Bromberger va plus loin dans le parallèle qu’il fait entre le football et le quotidien. Pour lui, l’arbitrage serait assimilé à la justice. « Une décision crée un débat. Un verdict est discutable. On peut se sentir injustement sanctionné. En sport, une décision peut permettre de relativiser une défaite ou de fêter une victoire. » L’auteur du livre « Le match de football » (Editions de la Maison des sciences et de l’homme, ndlr) met aussi en avant l’intensité ressentie par les supporters : « Un match de foot, c’est une expérience corporelle. Les fans éprouvent des émotions avant, pendant et après la rencontre. Certains, dorment mal la veille, stressent et s’alimentent différemment à l’approche d’un match de leur équipe. Dans les tribunes, leur agitation nerveuse s’exprime par l’expression de la colère, du bonheur ou de la tristesse. Certains transpirent, d’autres ont les jambes coupées, sur certains visages quelques larmes se dévoilent. »

Christian Bromberger, lors d'un conférence donné à l'INSEP

Christian Bromberger, sociologue, lors d’un conférence donnée à l’INSEP en avril 2014

Des émotions qui, selon l’anthropologue, sont petit à petit vouées à disparaître au dépend d’une volonté de diminuer les facteurs  aléatoires dans les rencontres sportives. « Les enjeux financiers sont énormes pour les clubs. Le facteur chance tente donc d’être contrôlé au maximum. » Et plus les clubs sont riches, plus ils ont la possibilité de le faire. Les meilleurs joueurs sont ainsi recrutés dans les meilleures équipes. Les équipes qu’elles rencontrent n’ont souvent pas les armes pour lutter contre l’artillerie lourde proposée par les clubs majeurs. Ainsi, les résultats de ces rencontres sont quasiment annoncés avant même d’êtres jouées. Le suspense sportif en est donc réduit aux grands clubs. Heureusement, le sport restant du sport, quelques surprises voient le jour et une fois de temps en temps David envoie Goliath au tapis.

Pour le sociologue, les avancées technologiques seraient aussi un moyen de pallier au caractère aléatoire des rencontres sportives. « L’arbitrage vidéo met fin à tout débat, alors que la discussion, c’est l’essence même de la vie. Quand une équipe perd, la chute est plus difficile. Plus question de relativiser ou de déplacer la faute. Les joueurs et les spectateurs prennent conscience qu’ils sont les seuls responsables de leur échec. » Plus de gris sur les terrains de football. Désormais il faut choisir son camp : noir ou blanc.

« Paye, assieds toi et tais toi »

Les premières victimes de cette chasse à l’aléatoire, ne sont autres que les supporters. Comment vibrer lorsque l’on va voir un match en en connaissant déjà son issue ? Comment s’identifier à une équipe qui change tous les ans voire tous les six mois ?

Parc des princes Crédit Photo : L'Equipe/Pierre Lahalle

Parc des princes
Crédit Photo : L’Equipe/Pierre Lahalle

Au fil des années, le rôle du spectateur dans le stade a changé. Principale source de revenu dans les années 80, la billetterie représente seulement 1% du budget d’un club aujourd’hui. Insignifiant. Et cela se ressent. Alors que les supporters faisaient partie intégrante de la vie du club, ils en sont aujourd’hui exclus : entraînements fermés, rencontres joueurs-supporters inexistantes… « Le spectateur est dépossédé de sa part de supportarisme, explique Bromberger. Dans un stade tout est sous contrôle. On assiste a une nouvelle politique d’encadrement des supporters : ‘le tout assis’. Ainsi, une nouvelle devise des organisateurs et des clubs a vu le jour : ‘paye, assieds toi et tais toi’. »

« Tais toi ». Il est loin le temps des stades colorés aux sons folkloriques et farfelus. Le temps où l’on entendait des bruits sortis tout droit d’instruments artisanaux, fabriqués avec entrain. Dans les stades, cornemuses, assiettes en cartons, vieilles casseroles, tout était prétexte à se faire entendre. Les répertoires vocaux aussi variés qu’originaux étaient repris en chœur. « Nous entrons dans une forme de transition vers un spectacle aseptisé qui prive le public d’une participation active. C’est comme si on lui supprimait son rôle de douzième homme (statistiquement les équipes gagnent plus à domicile qu’à l’extérieur). Le côté coloré des tribunes est aussi en train de disparaître, la réglementation limite le pouvoir des supporters. Ainsi, en Italie, les banderoles sont interdites dans les stades. »

Parmi les autres grandes mutations observées par Christian Bromberger dans les enceintes footballistiques : la masculinisation des gradins. Les filles se font de plus en plus rares, excepté pendant la Coupe du monde. L’événement sportif le plus regardé au monde fédère les foules. Avec 700 millions de téléspectateurs à travers le monde l’édition brésilienne 2014 a battu tous les records d’audience. Au fil des évolutions, le football ne cesse cependant de cristalliser les foules et de faire rêver.

Méryll Boulangeat @Meryll_B

Propos recueillis à l’occasion de la conférence des Mardis du Master du 8 avril 2014 à l’INSEP.

 

 

 

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Marcus Gévia (Boxe anglaise) : Dans mon sac de sport #2

Vous allez découvrir au fil du temps une série de photographies qui mettent en lumière les espoirs français de Rio sous un angle…différent ! Les sportifs se mettent à nu en nous dévoilant l’intérieur de leur sac de sport. Objet banal en soi, son contenu peut révéler bien des surprises sur son ou sa propriétaire, en fonction de sa discipline et de sa personnalité. Dans la construction de sa performance, l’athlète a un rituel de préparation qui lui est propre. Les objets, font partie intégrante de ce rituel. Des petits trésors, des petites histoires qui pour la première fois sont partagés.

A 19 ans, Marcus Gévia est déjà triple champion de France de boxe anglaise. Membre de l’équipe de France, il participait ce week-end aux championnats du monde universitaires, en Russie,  où il a décroché la médaille d’argent. Un titre mondial qui s’ajoute au palmarès du jeune Réunionnais. Une marche de plus vers son ultime rêve : Rio 2016. D’ici là, il nous a offert la possibilité de s’immiscer dans son sac de sport.

Marcus_Fotor

Dans le sac de sport de Marcus Gévia : Gants, casque, coquille, vaseline, cœur en mousse, photo de son neveu.

« L’objet qui a la plus grosse valeur sentimentale dans mon sac est la photo de mon neveu. Il me l’avait donnée avant les championnats du monde en 2012. Au dos, il est inscrit : Pour mon champion. Ma sœur a ajouté : dans le K.O il n’y a pas d’injustice. Avant mon combat je regarde cette photo plusieurs fois. Ma famille tiens une place très importante dans ma vie. Elle est un de mes piliers. J’ai aussi un cœur en mousse offert par ma copine.

Parmi mon matériel, une coquille. Le jour où j’ai cassé la mienne, le pôle France m’a donné celle-là. Elle est spéciale, c’est presque une relique. Elle appartenait à Brahim Asloum (champion olympique et champion du monde, ndlr). En combat officiel je ne peux pas la porter, c’est trop gros. Pour le casque, c’est la même chose. Depuis que les règles ont changé nous n’avons plus le droit de nous protéger la tête pendant les compétitions. Des casques, j’en ai plusieurs, de différentes couleurs. Bleu, noir ou rouge. Les gants, c’est la même chose.

Dans mon sac de boxeur, on trouve aussi de la vaseline. C’est de la crème très grasse. Nous en appliquons sur le visage pour que les coups des adversaires glissent sur la peau. Nous avons une limite à ne pas dépasser. Si l’arbitre juge qu’il y en a trop, il nous demande d’en enlever. Sinon, le spectacle et le combat perdent de leur intérêt. Quand mon entraîneur applique la vaseline sur mon visage, je sens que je vais monter sur le ring, que je vais bientôt boxer. L’adrénaline monte. Ce moment n’est pas anodin, il fait partie de mon rituel.

Je dois avouer que je suis un garçon plutôt bordélique et tête en l’air. Mais avec mes affaires de boxe je suis très rigoureux. Il est rare que j’oublie quelque chose. »

Propos recueillis par Méryll Boulangeat @Meryll_B

Photos : Emmelieke Odul

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Simon Casse (Pentathlon) : Dans mon sac de sport #1

Vous allez découvrir au fil du temps une série de photographies qui mettent en lumière les espoirs français de Rio sous un angle…différent ! Les sportifs se mettent à nu en nous dévoilant l’intérieur de leur sac de sport. Objet banal en soi, son contenu peut révéler bien des surprises sur son ou sa propriétaire, en fonction de sa discipline et de sa personnalité. Dans la construction de sa performance, l’athlète a un rituel de préparation qui lui est propre. Les objets, font partie intégrante de ce rituel. Des petits trésors, des petites histoires qui pour la première fois sont partagés.

Simon Casse, 22 ans, est pentathlète et membre de l’équipe de France. Aujourd’hui, il dispute, à Varsovie (Pologne), sa première finale de Championnats du Monde. Pour « Le sport entre les lignes », il a ouvert son sac de sport. Un petit bout d’intimité dévoilée.

Le sac de Simon Casse : pistolet dans son étui avec tournevis et cahier d’entraînement, masque, lunettes de piscine, cravate, épée, chevillière, pâtes de fruits, chaussures d’escrime ».                                                                                                        Crédit photo : Emmelieke Odul

« Ma cravate ? Je l’ai depuis que j’ai 10 ans lorsque j’ai commencé les concours d’équitation. Dessus, il y a un élastique. C’était pour me faciliter la tâche quand j’étais petit. Je perdais trop de temps à faire mon nœud de cravate. Aujourd’hui j’ai grandi mais je l’utilise toujours! Je dois être le seul pentathlète avec ce système.

Parmi tous ces objets, il y en a un plus petit que les autres mais tout aussi important : mon tournevis. Il me sert pour changer la tête de pointe (le bout de l’épée, ndlr)  quand elle est usée. C’est ce qui me permet de valider une touche. Un signal lumineux est envoyé aux juges lorsqu’il y a contact avec l’adversaire. Mes lames ont une durée de vie de trois mois environ. Elles se tordent et se cassent.

Dans mon sac, je trimbale aussi tout le temps mon cahier d’entraînement. Dedans, je note des mots clés et les corrections de mes entraîneurs. J’y inscris les séances qui se sont bien passées et les entraînements loupés. Avant la compétition, je relis quelques passages pour me souvenir et reproduire les bons gestes.

Autre objet qui me suivra sûrement toute ma carrière : mon pistolet laser. Les batteries se rechargent un peu comme un ordinateur à l’aide de ce qui se rapproche plus ou moins à un câble USB.

Je prends aussi ma chevillère. L’année dernière, je me suis fait une rupture du ligament intérieur de la cheville droite. Depuis, je garde toujours mon attelle dans mon sac… Au cas où.

Tout ce matériel, lourd et encombrant, n’est pas évident à transporter. Quand nous prenons l’avion, il faut bien calculer pour ne pas avoir d’excédent de voyage. Un vrai casse-tête!  »

Propos recueillis par Méryll Boulangeat @Meryll_B

Photo : Emmelieke Odul @EmmeOdul

 

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TDF : Les enjeux de la deuxième semaine

Après plus de 12 ans chez les professionnels, Yannick Talabardon a pris sa retraite sportive à la fin de la saison 2013. Il a connu 3 équipes différentes (Big Mat Auber 93 – Crédit Agricole – SOJASUN), participé à 5 grands tours dont un Tour de France en 2011 (46ème) et a gagné 5 courses dont Paris-Troyes en 2009. Aujourd’hui, pour « Le sport entre les lignes », il décrit le Tour de France 2014 et les moments qu’il ne faudra absolument pas rater dans la deuxième semaine. Un Tour de France haut en surprise et rebondissements…

Yannick Talabardon, consultant pour Le sport entre les lignes

Yannick Talabardon, consultant pour Le sport entre les lignes

« Après une première semaine riche en rebondissements, le Tour de France s’apprête à prendre la direction des Alpes. Les cartes ont été redistribuées et Vincenzo Nibali possède, à première vue, la meilleure main.

Cette première journée de repos à Besançon marque la fin d’un premier acte spectaculaire et le début d’un second que l’on espère tout aussi passionnant. Ses deux victoires à Sheffield et à la Planche des Belles Filles, cumulés aux abandons de Chris Froome et d’Alberto Contador, permettent à Vicenzo Nibali de récupérer le rôle d’acteur principal, laissé vacant. N’en déplaise au discret Alexandro Valverde et à l’équipier de luxe, catapulté leader, Richie Porte. Cette pièce à ciel ouvert met aussi en lumière les jeunes espoirs français que sont Romain Bardet et Thibault Pinot. Le suspense étant encore total, les seconds rôles, Van den Broeck, Mollema, Van Garderen ou Talanski devront à l’image d’un Kwiatkowski passer eux aussi à l’offensive s’ils veulent déloger le champion d’Italie.

Ça tombe bien, le script de la deuxième semaine est écrit pour les attaquants. Les étapes d’Oyonnax et de Saint Etienne proposent des difficultés dans les derniers kilomètres. Alors que la courte mais difficile traversée des Alpes offrent, elle, deux arrivées au sommet, à Chamrousse et à Risoul. Et pour conclure ces cinq jours, il se pourrait que le vent joue, lui aussi, un rôle important du côté de Nîmes.

La première semaine est là pour nous le rappeler, le Tour de France est, avant tout, une compétition sportive où l’incertitude règne en maître. Une seule chose est sûre, le futur vainqueur de la grande boucle sera un néophyte. »

Yannick Talabardon

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Quand les journalistes sautent à la perche

C’est une histoire qui a commencé en mars 1999 à Maebashi, au Japon. Autour d’une bière (ou de plusieurs) : deux journalistes, un entraîneur d’athlétisme et une idée. L’entraîneur n’est autre que Maurice Houvion. Il a accompagné le champion olympique de saut à la perche (1996), Jean Galfione, pendant toute sa carrière. Les journalistes : Marc Ventouillac de L’Equipe et Stéphane Ghazarian de l’AFP. Les deux confrères se sont déplacés au Japon pour couvrir les Championnats du monde d’athlétisme en salle. De cette soirée naîtra une idée : Maurice Houvion fera sauter les journalistes à la perche. Pour Marc Ventouillac, qui écrit sur la perche depuis 1985 : « le but de l’exercice était de savoir ce que ça faisait de sauter à la perche. Mais pas seulement. C’était aussi un moment de convivialité et l’occasion de s’amuser ».

Quelques semaines plus tard, de retour en France, à Paris, les apprentis perchistes se retrouvent à l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance) pour une séance avec coach Houvion. Marc Ventouillac et Stéphane Ghazarian convient quelques journalistes supplémentaires. « Pour la première séance nous étions une dizaine », confie Marc Ventouillac. L’initiation est un succès et les « rendez-vous » perches se multiplient. Depuis 15 ans deux à trois séances sont organisées chaque année.

Marc Ventouillac se prépare à sauter

Marc Ventouillac se prépare à sauter

Jean-Christophe Bassignac, journaliste à L'Equipe en pleine action

Jean-Christophe Bassignac, journaliste à L’Equipe en pleine action

Maurice Houvion, 80 ans aujourd’hui (le 4 juillet), met toujours autant de dynamisme à l’ouvrage pour faire évoluer les « journalistes sauteurs ». Petit à petit le cercle des convives s’élargit : « il n’y a plus seulement des journalistes qui viennent sauter à la perche, explique Marc Ventouillac, seul rescapé de la première édition. Avec le temps, j’ai repris le relais organisation tout seul. Quand je vois des journalistes ou des amis intéressés pour venir sauter à la perche, je les invite ».

Jean-Claude Perrin s'occupe de l'échauffement et des étirements

Jean-Claude Perrin s’occupe de l’échauffement et des étirements

Depuis 2005, un autre entraîneur de légende à rejoins le cercle des « journalistes sauteurs » : Jean-Claude Perrin, alias « Bill ». L’ex-entraineur de Pierre Quinon (champion olympique de saut à la perche en 1984) est chargé de l’échauffement. Un rôle qu’il prend très au sérieux : course à pied, exercices aussi divers que variés et pour finir les traditionnels abdominaux couplés de gainage. Le protocole d’échauffement terminé, les sauteurs en herbe se lancent sur le sautoir avec des techniques plus ou moins académiques sous les regards affutés des coachs Houvion et Perrin. Les conseils sont nombreux.

Les conseils de Maurice Houvion aux journalistes sauteurs en herbe

Les conseils de Maurice Houvion aux journalistes sauteurs en herbe

Une fois la séance de perche terminée, la joyeuse troupe attaque la seconde mi-temps. Toujours au même endroit : « Chez Walczak », un bistrot parisien qui a son charme, crée en 1951 par l’ancien boxeur Yanek Walczak, jadis rival de Marcel Cerdan.  Mais une fois que les perchistes foulent le pas de la porte, l’histoire reste plus discrète sur la suite de la journée…

Tout le groupe réuni à la fin de la séance

Tout le groupe réuni à la fin de la séance

Méryll Boulangeat

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