
Marie et Mélirose
Crédit Photo : Tristan Shu
Mélirose est une petite blondinette de 4 ans. En décembre, elle est partie aux Etats-Unis. Pour deux mois. Quand on lui demande ce qu’elle va faire là-bas, elle répond sans réfléchir : « je vais regarder ma maman et l’encourager »… et pour cause, sa mère n’est pas n’importe qui.
Marie Martinod est une skieuse freestyle de 29 ans. Sa discipline ? Mélirose nous l’explique: « elle fait du pipe. C’est comme un tuyaux qui bascule à droite et à gauche ». Comprenez : une sorte de demi tube dans lequel s’élancent des skieurs pour enchaîner des figures aériennes et acrobatiques. Mélirose, le regard fuyant « parce qu’il y a de la neige à la télé » précise sa grand-mère, continue : « comme figure, elle sait faire des 720, des 360 et des back flips ». Rien que ça ! Une formalité pour Mélirose comme pour sa maman !

Marie dans le pipe de Tignes (X-Games 2013)
Crédit Photo : Andy Parant
Une maman au parcours atypique puisque la jeune femme s’est lancée le défi de reprendre la compétition après six ans d’absences. Six années pendant lesquelles elle a ouvert avec « son homme » un bar de nuit dans une station de ski. Une nouvelle vie, un nouvel univers. Entre temps, la petite Mélirose a vu le jour.
Une vie bien rangée… jusqu’à cette annonce de l’intégration du ski Half Pipe au programme des Jeux Olympiques de Sotchi. Marie a fini par céder à la sollicitation de ses anciennes copines de ski pour préparer l’échéance de février 2014. La flamme n’a pas mis longtemps à s’embraser de nouveau. « Je trouve ça bien qu’elle ait décidé de reprendre. Elle avait le sentiment d’avoir fait le tour à l’époque », raconte Françoise, sa maman.
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Marie Martinod
Crédit Photo : Andy Parant
Avec un tel objectif en tête, le retour sur les planches de Marie n’est pas de tout repos. « On ne peut pas arriver au niveau des filles sans préparation physique. La première partie de sa carrière était plus facile. Elle était assez douée pour ne pas avoir besoin d’en faire beaucoup ! » Aujourd’hui, les choses sont différentes. Marie le sait et se donne les moyens de réussir. « Elle a fait une grosse préparation avec la fédé avant de reprendre le ski à Tignes. Marie est entière. Quand elle fait quelque chose, elle fonce. Elle ne veut pas avoir de regrets. Quel que soit le résultat à Sotchi, elle aura donné le meilleur d’elle-même », raconte Françoise.
Le travail de Marie est une prise de risque quotidienne. Évoquer la peur d’une maman pour sa fille avec Françoise est rassurant. « Il y a des moments où j’ai été inquiète. Et puis je repense à moi quand j’étais jeune. Je n’aurais pas voulu que ma mère m’interdise de faire ce genre de chose. Je crois qu’il ne faut pas y penser. Le plus gros accident qu’elle a eu c’était en voiture. Qui pense être en danger en prenant sa voiture le matin ? La vie est comme elle est. On ne peut jamais savoir. C’est une philosophie de vie je crois ».
Reprendre la compétition ? Oui. Se lancer dans l’aventure Sotchi ? Pourquoi pas. Partir loin de son conjoint et de la petite Mélirose ? « Hors de question, selon Françoise. Pour Marie, la famille c’est super important. Sans sa fille et son homme, elle n’aurait pas pu le faire, ce n’était même pas la peine d’y penser. Elle les emmène partout avec elle. C’est elle qui organise les trajets et les déplacements de sa petite famille. Elle ne peut pas se séparer de sa fille. Déjà quand elle part trois jours en Suisse pour s’entraîner, c’est presque le drame. » Mélirose, elle, ne demande pas son reste et suit sa maman partout sans rechigner. Une vie qui lui va plutôt bien. Sa grand-mère trouve que c’est « une gamine hyper épanouie. Elle profite de tout. Tout ce qu’elle vit à travers ces voyages c’est merveilleux. Elle a déjà sauté une classe ! ».
Et si Marie ne gagne pas les Jeux Olympiques ? « Y a pas de si elle gagne pas » sourie Françoise avant d’expliquer que « ce n’est qu’une étape dans une vie, pas une fin en soit. Et je pense que Marie dirait la même chose ». Son fan club sera à Sotchi. « Une bande de copains et copines. Nous avons déjà nos billets pour aller l’encourager et la soutenir ». Pour Mélirose, pas de place au doute, sa maman va gagner « parce que c’est la meilleure ».
Méryll Boulangeat
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Marie et Mélirose
Crédit Photo : Tristan Shu