Archives de Tag: médailles

Biographies de sportifs

Les sportifs ont toujours fait couler beaucoup d’encre. De part leurs exploits mais pas seulement. À la fois populaires et exemplaires leurs vies inspirent le commun des mortels, toujours plus friants d’un fait divers ou d’une interview décalée que d’une simple discussion purement technico-tactique. Certaines biographies se vendent comme des petits pains. Dans les coulisses de ces pages noircies, des hommes de l’ombre s’appliquent à mettre en scène les souvenirs des plus grands sportifs de l’histoire. Selon Arnaud Ramsay*, journaliste, « il existe plusieurs types de biographies : Les autobiographies, qui sont les récits officiels des sportifs, généralement aidés par une autre personne et les biographies rédigées par un tiers, sans y avoir été autorisées par le sportif. Il s’agit alors d’une enquête ou d’un récit littéraire librement inspiré du personnage public. » Arnaud Ramsay a déjà officié dans les deux catégories. Porte plume de Youri Djorkaeff, Bixente Lizarazu ou encore Nicolas Anelka, il a aussi enquêté sur David Douillet ou Laurent Blanc. Dans ces derniers cas, son travail de biographe est purement journalistique. Pendant des mois, des années, il enquête sur une personnalité. « Le travail est long et fastidieux. Je liste entre 50 et 80 personnes de l’entourage de la personnalité sur laquelle je travaille et je les contacte un par un. » Certains répondent, d’autres pas. Ce sont souvent des livres révélations, des livres qui ne flattent pas l’égo des protagonistes…au contraire.

D’un autre côté, « être le « nègre » d’une personnalité demande aussi beaucoup de temps. Cela dépasse la simple interview et le cadre de la relation journaliste/sportif. Il faut réussir à instaurer une relation de confiance.» Une trentaine d’heure d’entretien, des rendez-vous, des déjeuners. Autant de moments nécessaires pour saisir les subtilités de chaque sportif. Comprendre leurs forces et leurs faiblesses, les humaniser. « Ce travail d’écriture est assez spécifique. C’est comme si on se dédoublait. Il faut se mettre au service de l’athlète, comprendre son raisonnement. Retranscrire son langage, sa personnalité. Trouver le bon équilibre pour garder une méthodologie dans l’écriture, tout en ne dénaturant pas son récit. » Le travail est colossal mais, selon le journaliste, passionnant : « Il y a un certain plaisir narcissique dans cette activité. C’est agréable de rencontrer, de discuter et de passer du temps avec eux. En tant que journaliste, nous avons de moins en moins le temps de rencontrer des sportifs. Là, au fil des entretiens, une vraie relation s’instaure. » Au fur et à mesure que les chapitres se construisent, les échanges par mails s’intensifient. Un vrai ping pong numérique avant que la célébrité ne valide le projet. Une fois publié, le sportif joue le premier rôle en terme de promotion de l’ouvrage.

Dans les deux cas, à travers les biographies, le grand public découvre l’intimité des sportifs de haut niveau. Des hauts, des bas, des pleurs, de la joie. Et si finalement ils n’étaient pas si différents les grands champions ?

Méryll Boulangeat @Meryll_B

*Propos recueillis lors de la conférence de presse Sportext d’Annecy

Si vous avez aimé, Le sport entre les lignes vous conseille : À chaque sport ses habitudes alimentaires et Rêves de marins, un article sur le sommeil des marins en mer

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Trois médailles olympiques, ça change quoi ?

CP/ C.Cattin-OT Val Thorens

CP/ C.Cattin-OT Val Thorens

Une marseillaise pour trois. L’image était belle et presque surréaliste. La performance, historique. C’était à Sotchi, l’hiver dernier. Un podium 100% tricolore aux Jeux Olympiques, du jamais vu. Onze mois plus tard, la planète skicross s’est donnée rendez-vous en France, à Val Thorens, pour la deuxième Coupe du monde d’une saison marquée par le manque de neige. La station savoyarde organise cet événement international pour la troisième année consécutive. L’occasion de faire le bilan et de répondre à cette question : « Trois médailles olympiques, ça change quoi ? ».

Dans l’aire d’arrivée, ils étaient entre 1 500 et 2 000 spectateurs mais ils faisaient du bruit comme si il étaient 10 000. Cloches, tronçonneuse, cris, même le speaker était difficilement compréhensible dans ce brouhaha constant, entretenu par les belles performances des skieurs français. Jamais sur une Coupe du monde de skicross il n’y avait eu Lire la suite

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Jeux Olympiques de Sotchi : Vrai ou faux record ?

Avec 15 médailles en Russie, la France a atteint son objectif. Et apporté aux JO une poignée de belles surprises. Mais derrière les chiffres se cache une réalité plus nuancée. Les échecs ont été nombreux et le programme n’a jamais été aussi fourni.

 

Début décembre. Fabien Saguez, directeur technique national de la fédération française de ski, annonce : « Pour les Jeux olympiques de Sotchi, notre objectif à la FFS est de 15 médailles, dont 5 en or », avant d’ajouter : « C’est un objectif ambitieux ». Le 23 février dernier, lors de la cérémonie de clôture de ces mêmes Jeux olympiques, le tableau des médailles affiche 15 récompenses (dont 4 en or)…pour l’ensemble de la délégation française. Un record aux Jeux olympiques d’hiver. Un record à l’allure trompeuse.

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Enquête : Jeux olympiques de Sotchi, vrai ou faux record ?

Michel Vion, président de la Fédération Française de ski Crédit photo : L'Equipe

Michel Vion, président de la Fédération Française de ski
Crédit photo : L’Equipe

Avec 15 médailles en Russie, la France a atteint son objectif. Et apporté aux JO une poignée de belles surprises. Mais derrière les chiffres se cache une réalité plus nuancée. Les échecs ont été nombreux et le programme n’a jamais été aussi fourni.

Début décembre. Fabien Saguez, directeur technique national de la fédération française de ski, annonce : « Pour les Jeux olympiques de Sotchi, notre objectif à la FFS est de 15 médailles, dont 5 en or », avant d’ajouter : « C’est un objectif ambitieux ». Le 23 février dernier, lors de la cérémonie de clôture de ces mêmes Jeux olympiques, le tableau des médailles affiche 15 récompenses (dont 4 en or)…pour l’ensemble de la délégation française. Un record aux Jeux olympiques d’hiver. Un record à l’allure trompeuse. Benoît Lallement couvre les disciplines hivernales depuis 1998 pour le journal L’Equipe. Il estime que « c’est un bilan correct. Ils ont fait le nombre de médailles qu’ils avaient annoncées ». Pourtant, le journaliste pose quelques nuances : « On peut se poser la question de savoir si l’objectif n’a pas été sous-évalué en amont ». Benoît Lallement souligne qu’il n’y ait jamais eu autant de disciplines au programme des Jeux olympiques. Six nouvelles épreuves ont fait leur apparition en Russie. De quoi faire sourire le clan français. En half pipe, deux filles et trois garçons jouaient sur le devant de la scène en cette année olympique. L’équipe de saut à ski féminin, aussi jeune soit-elle, n’avait pas à rougir face aux autres nations et pour le relais mixte en biathlon, la France faisait partie des favorites au titre. A ce vent de fraicheur et de nouveauté, il fallait ajouter la forte bise venue des anciens. Ceux pour qui l’aventure olympique est devenue une simple formalité tous les quatre ans. Ski alpin, biathlon, combiné nordique…des épreuves et des chances de podiums légitimes.

Avec 19 médailles aux derniers championnats du monde, toutes disciplines confondues, la France a-t-elle vue petit en visant seulement 15 médailles à Sotchi ?« L’objectif était réaliste, voire ambitieux, analyse un expert de l’INSEP (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance). Comme lors de tous les Jeux olympiques, il faut prévoir que certains favoris seront présents mais d’autres non. » Un autre critère à prendre en compte dans les calculs : les blessures. « C’est plus compliqué à gérer que pour les sports d’été car il y a énormément de blessés », souligne Benoît Lallement. Parmi les blessures, survenues quelques mois avant l’échéance, deux ont particulièrement retenues l’attention : celles de Marion Rolland et de Tessa Worley, toutes deux Championnes du monde en titre de ski alpin (en descente et en slalom géant).

Miser sur la polyvalence

Sur 15 médailles ramenées dans les montagnes françaises 7 d’entre elles ont été remportées par des sports qualifiés d’« alternatifs » pour certains, « de djeun’s » pour d’autres (le snowboard et le ski freestyle). Sans ces sports, le bilan français serait réduit de moitié. Pour Michel Vion, ce n’est pas une surprise. « Depuis que je suis arrivé à la tête de la fédé, il y a quatre ans, nous avons pris l’option de jouer sur toutes les disciplines. Nous avons essayé de faire en sorte que tout le monde puisse travailler dans des conditions satisfaisantes, explique-t-il. Ce résultat n’est autre que le fruit de notre volonté de polyvalence. Nous essayons de répartir le budget le plus justement possible, même si nous sommes bien conscients que ce n’est jamais assez. »

Le Ski Freestyle Project regroupe les pratiquants du ski half pipe français. Géré en marge de la fédération, il est autonome. La FFS débloque un budget minimum, ce qui permet au groupe d’évoluer librement et d’échapper à certaines contraintes dictées par la FFS comme le choix du matériel et des tenues. Alors que certains s’interrogent sur le fait de pouvoir évoluer hors du cadre fédéral, Michel Vion assume cette situation : « Nous n’aurions pas la capacité de gérer ce groupe. Ils sont très professionnels dans leurs démarches, on leur fait confiance. Il serait même intéressant, sur le long terme, d’étendre ce mode de fonctionnement à d’autres disciplines. Nous avons compris qu’on ne gère pas de la même manière un groupe de snowboarder et de freestylers qu’un groupe de skieurs alpins ou de biathlètes. » Le président de la fédération se félicite de cette polyvalence, selon lui, spécifique à la France : « très peu de nations peuvent faire ce constat. Prenez la Norvège par exemple, ils sont très fort en nordique mais n’ont pas de snowboarders. Les Américains sont présents partout mais pêchent en biathlon. Aux Pays-Bas, l’accent est mis sur le patinage de vitesse. »

La glace a fondu

Le patinage de vitesse et tous les sports de glace, talon d’Achille du clan français. « En sport de glace, le bilan est nul », commente Benoît Lallement. Depuis Turin en 2006, aucune médaille n’a été décrochée par la fédération des sports de glace (FFSG). Et les Jeux de Sotchi n’ont pas permis d’inverser la tendance. « La glace, c’est un chantier énorme, explique le journaliste de l’Equipe. Il n’y a pas de stratégie mise en place. Ils sont restés dans la ligne droite de Vancouver sans se poser les bonnes questions et en tirer des leçons.» Même constat pour l’expert de l’INSEP, « c’est un échec, avoue-t-il. Il ne fallait pas s’attendre à des miracles. Les seuls chances étaient le couple Péchalat-Bourzat, qui pouvait espérer une médaille de bronze en danse sur glace, et Florent Amodio (ndlr : patinage artistique) qui s’est écroulé. Les autres ont patiné à leur niveau. »

Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat.  Trophé Bompard 2012, Paris.  Crédit photo : Emmelieke Odul

Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat.
Trophé Bompard 2012, Paris.
Crédit photo : Emmelieke Odul

Et le patinage de vitesse alors ? « Aucun effort n’a été fait sur les réelles chances de médailles, souligne Benoît Lallement. Tout a été misé sur le patinage artistique, les autres sports ont été laissés à l’abandon. Il n’y a pas de moyens, pas de coaches, pas de reconnaissances pour ces athlètes. » De ternes résultats qui handicapent la France dans le classement final des médailles selon Michel Vion : « nous sommes 10ème au classement des médailles (ndlr : 12ème à Vancouver). Le problème c’est que les 15 médailles sont réparties sur une seule fédération, la FFS. Sans compter les sports de glace, la France pointerait à la 4ème place. Si la FFSG avait ramené ne serait-ce que 4 ou 5 médailles en plus, nous pouvions lutter pour le top 5. Finalement le score ne repose que sur nos épaules ».

Outre la glace, des grands loupés, des grosses déceptions, il y en a eu. A commencer par le porte drapeau et son équipe. Le combiné nordique, que l’on voyait, que l’on voulait doré avant l’heure. Certes, il y a eu cette erreur de fart, assumée et revendiquée, mais pas seulement… « Les garçons sont sûrement arrivés un peu émoussés, un peu fatigués ». Et la malédiction du porte-drapeau, il en pense quoi Michel Vion ? « ça c’est un peu la question cliché. Mais ça n’a rien à voir ». Pour lui, l’analyse est ailleurs, plus profonde qu’un simple drapeau : « cela fait trois ans que Jason est au sommet de son sport. Il y a un an, il décrochait trois titres de Champion du monde. Depuis le début de saison, il est un peu moins bien. D’abord parce qu’il a eu des soucis personnels. Et ensuite parce que le combiné est un sport très exigent, qui peut laisser des traces. Il a tellement tout gagné qu’il ne peut plus être aussi dominateur qu’avant. Mais il va bientôt regagner, j’en suis sûr. » Pour Benoît Lallement, « le débriefing de Lamy-Chappuis sera intéressant pour l’ensemble de l’équipe de France. Cela pourra permettre de mener une réflexion sur la gestion d’une olympiade. C’est un bon exemple. Cela montre aussi à quel point il est difficile d’être Champion olympique deux fois de suite. »

Au chapitre des déceptions, il y a aussi l’équipe de France de ski alpin. Plus forte que jamais, riche de 13 podiums en début de saison, comment pouvait-on ne pas espérer vibrer devant le ski alpin ? Il a fallu attendre le slalom géant pour voir se débloquer le compteur avant qu’il ne se fige sur un total de deux médailles (l’argent pour Steeve Missilier et le bronze pour Alexis PInturault). « Même si le résultat est meilleur qu’à Vancouver, pour moi le bilan ne reste pas très bon », interprète Benoît Lallement. Même son de cloche du côté de la fédération : « on attendait 3 ou 4 médailles, on est un peu en dessous. On a une très belle équipe. On peut dire qu’on a fait le service minimum », commente Michel Vion. Les observateurs s’accordent à pointer du doigt les performances des françaises, en retrait sur ces Jeux olympiques. « En vitesse (ndlr : descente et super-géant), c’est catastrophique. C’est une équipe qui n’existe plus. Il va falloir s’interroger sur ce qu’il y a à faire et trouver une solution pour remotiver et sélectionner les filles, débriefe le journaliste sportif. En technique (ndlr : géant et slalom) c’est différent, les filles ont bien skié, elles étaient à leur place. Et puis avec la perte d’une leader comme Tessa (ndlr : Worley), c’est compliqué. » Les blessures de Tessa Worley et Marion Rolland retentissent à chaque fois qu’on évoque les résultats féminins. « C’est vrai que les blessures mettent en évidence ces faiblesses, explique le président de la FFS. Chez les garçons, il y a beaucoup de monde à la base, une bonne émulation alors que chez les filles, le niveau global est un peu inférieur. On a toujours des talents que les autres pays nous envie mais pas un gros réservoir derrière.»

Des faiblesses ressenties aussi en biathlon. Malgré les belles performances de Martin Fourcade et ses trois médailles (deux en or et une en argent), et de Jean Guillaume Béatrix (bronze), la France a souffert. « La deuxième semaine a été difficile pour les biathlètes, avoue Michel Vion. Même pour Martin qui est tombé malade. Il n’y a eu aucune médaille en relais, un fait rare pour la France, qui traduit un niveau moyen de l’équipe. Les athlètes étaient calés sur le rythme des Championnats du monde 2013. Ils ont atteint leur pic de forme en janvier, deux semaines trop tôt. Nous avons mal géré ce point-là.»

Le coup de cœur Vaultier

Mais Sotchi, ce sont aussi de beaux moments, de belles images. Le sourire de Chloé Trespeuch, troisième en Snowbardcross pour son premier podium mondial. Et la fraicheur de Colline Mattel. Michel Vion espère que le bronze de la jeune femme va donner du souffle au saut à ski, discipline qui a du mal à trouver son public en France. « Il y a une génération de 3 ou 4 filles qui peuvent réussir à s’exprimer sur les compétitions internationales. L’émulation est importante, un noyau dur commence à prendre. Chez les garçons, en revanche, on éprouve une grande difficulté à créer une équipe. Nous n’avons la culture saut en France. Nous essayons d’y remédier. Depuis 2/3 ans, nous avons mis en place un « plan tremplin » pour faire découvrir la discipline et la rendre accessible aux plus jeunes ». Des jeunes qui pourront également s’inspirer de Pierre Vaultier, le snowboarder sacré Champion olympique avec un ligament croisé du genou en moins. Pierre Vaultier, ou l’athlète coup de cœur de Michel Vion : « deux semaines avant les jeux on ne savait même pas si il allait y participer. Et puis il est arrivé et il a survolé la compétition. Il n’a jamais été inquiété. Ca c’est une vraie belle histoire ».

Comment parler de belles histoires sans évoquer le triplé en Skicross ? « C’est historique, sourit le président de la FFS. Après Vancouver, nous avons fait le choix de recruter des skieurs alpins et de les former au skicross. Un choix audacieux, comme le fait de les amener en Turquie une semaine avant l’épreuve. Si ça n’avait pas fonctionné nous aurions été très critiqués. »

Et si finalement les grands vainqueurs de ces jeux étaient les fondeurs ? Dans l’ombre des autres disciplines, mais aussi des nations ayant une culture nordique forte (Russie, Norvège, Suède), ils ont su tirer leurs épingles du jeu. Troisièmes sur le relais homme du 4×10 kilomètres, c’est la première médaille de l’histoire des Jeux pour les français dans cette discipline. Les filles sur la quatrième marche ne sont pas passées inaperçues et les nombreuses places dans les 10 en individuel de ces sportifs non plus. Pour Michel Vion, « le fond c’est la grosse satisfaction des ces jeux. On a joué dans les premiers rôles alors que nous n’avons pas la fibre nordique comme les pays scandinaves. Par rapport au niveau attendu et aux moyens que l’on possède dans ces disciplines, le bilan est très bon ».

Des belles histoires, des déceptions, des loupés, des sourires, de la colère, de l’émotion, des larmes… Tous ces sentiments qu’il va falloir mettre de côté, un moment seulement, pour les acteurs du ski français. Le temps de faire le bilan, discuter et mettre en place une nouvelle machine, celle qui ne regarde que devant : direction PyeongChang 2018. Moins de quatre ans séparent les skieurs, les snowboarders et les patineurs des prochains Jeux olympiques.

Méryll Boulangeat

@Meryll_B

 

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Skicross. Jonas Devouassoux, dans l’ombre d’un triplé historique

Ils étaient quatre français au départ du Skicross des Jeux Olympiques de Sotchi. Trois d’entres eux ont terminé sur le podium. Jonas Devouassoux, le quatrième de la bande, a pris la dixième place de l’épreuve. C’est depuis l’aire d’arrivée qu’il a assisté au sacre de ses trois copains. Pour Jonas, les sentiments s’entrechoquent : « un triplé français, aux Jeux olympiques, c’est magnifique ! J’ai vécu un moment de sport historique. Mais pour moi, c’est difficile, confie Jonas, car je ne fais pas vraiment partie de cet exploit ».

Jonas Devouassoux devant les anneaux olympiques à Sotchi

Le soir venu, alors que l’ambiance est à la fête dans le clan Français, Jonas préfère rejoindre sa chambre. « Je n’avais pas envie de plomber l’ambiance. Je n’étais pas dans le même délire que les autres. Eux étaient dans l’euphorie alors que moi j’étais déçu. J’avais besoin de m’isoler, confie le skieur.  Ce n’est pas que je n’avais pas envie de fêter leur réussite, nous le ferons d’ailleurs sûrement tous ensemble une fois la saison terminée, mais j’avais besoin d’être seul. A ce moment-là, il me fallait du temps pour digérer ma déception personnelle. J’étais au fond du gouffre ».

Sa chambre, il la partage avec le tout nouveau champion olympique, son camarade d’entrainement, Jean-Frédéric Chapuis. « Après la course, nos rythmes étaient décalés. Quand il rentrait se coucher, moi je me levais. Cela ne me dérangeait pas, ça fait partie du truc. »

Isolé par choix, dans sa « bulle », le skieur de Chamonix, prend le temps de réfléchir : « j’ai pensé à ce qui avait marché et ce qui n’avait pas fonctionné sur les quatre dernières années. J’ai fait un bilan pour pouvoir faire partie du triplé la prochaine fois ! ».

En plein contre-jour de cette toute nouvelle lumière qui éblouit le skicross français, Jonas se rend invisible aux yeux des autres. Il se fait discret, digère, cogite. Ses trois copains, au centre de toutes les attentions, sont touchés par la situation du Haut-Savoyard : « tous sont venus me voir. Nous avons discuté, ils m’ont réconforté. Ils comprennent parfaitement la situation dans laquelle je me trouve ».

Une déception, un échec qui ne laisse pas à Jonas qu’un goût amer, bien au contraire : « Je suis très content pour mes potes et pour le sport. Cela va permettre de faire connaître le skicross au grand public. Et puis, même si ce n’est pas évident pour moi, admet-t-il, c’est hyper stimulant de se dire que je fais partie de cette équipe et de m’entraîner avec les meilleurs. »

Une fois en France, alors qu’un tourbillon médiatique aspire les trois médaillés, Jonas quitte les montagnes pour retrouver sa copine à Dijon. « J’avais besoin de couper du ski, de la montagne, de tout le monde…Et aujourd’hui encore d’ailleurs », confie-t-il. Il a fait l’impasse sur la première Coupe du Monde qui a suivi les Jeux. Un peu trop tôt, un peu trop fatigué émotionnellement : « après les jeux, c’est difficile de repartir. On se prend un coup de barre émotionnel. On se relâche, c’est la fin d’un cycle de quatre ans. Même pour les médaillés et les entraîneurs ce n’est pas évident ».

Quand on demande à Jonas ce qui a été le plus difficile pendant ces jeux, il répond sans hésiter : « c’est un rêve de gosse qui s’est effondré »… Avant de poursuivre : «…en partie, car ce n’est pas fini. Il y aura d’autres occasions à venir ! ».

Méryll Boulangeat

Enak Gavaggio (précurseur du skicross en France) et Jonas au village olympique

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Skicross. Jonas Devouassoux, dans l’ombre d’un triplé historique

Ils étaient quatre français au départ du Skicross des Jeux Olympiques de Sotchi. Trois d’entres eux ont terminé sur le podium. Jonas Devouassoux, le quatrième de la bande, a pris la dixième place de l’épreuve. C’est depuis l’aire d’arrivée qu’il a assisté au sacre de ses trois copains. Pour Jonas, les sentiments s’entrechoquent : « un triplé français, aux Jeux olympiques, c’est magnifique ! J’ai vécu un moment de sport historique. Mais pour moi, c’est difficile, confie Jonas, car je ne fais pas vraiment partie de cet exploit ».

Jonas Devouassoux devant les anneaux olympiques

Jonas Devouassoux devant les anneaux olympiques

Le soir venu, alors que l’ambiance est à la fête dans le clan Français, Jonas préfère rejoindre sa chambre. « Je n’avais pas envie de plomber l’ambiance. Je n’étais pas dans le même délire que les autres. Eux étaient dans l’euphorie alors que moi j’étais déçu. J’avais besoin de m’isoler, confie le skieur.  Ce n’est pas que je n’avais pas envie de fêter leur réussite, nous le ferons d’ailleurs sûrement tous ensemble une fois la saison terminée, mais j’avais besoin d’être seul. A ce moment-là, il me fallait du temps pour digérer ma déception personnelle. J’étais au fond du gouffre ».

Sa chambre, il la partage avec le tout nouveau champion olympique, son camarade d’entrainement, Jean-Frédéric Chapuis. « Après la course, nos rythmes étaient décalés. Quand il rentrait se coucher, moi je me levais. Cela ne me dérangeait pas, ça fait partie du truc. »

Isolé par choix, dans sa « bulle », le skieur de Chamonix, prend le temps de réfléchir : « j’ai pensé à ce qui avait marché et ce qui n’avait pas fonctionné sur les quatre dernières années. J’ai fait un bilan pour pouvoir faire partie du triplé la prochaine fois ! ».

En plein contre-jour de cette toute nouvelle lumière qui éblouit le skicross français, Jonas se rend invisible aux yeux des autres. Il se fait discret, digère, cogite. Ses trois copains, au centre de toutes les attentions, sont touchés par la situation du Haut-Savoyard : « tous sont venus me voir. Nous avons discuté, ils m’ont réconforté. Ils comprennent parfaitement la situation dans laquelle je me trouve ».

Une déception, un échec qui ne laisse pas à Jonas qu’un goût amer, bien au contraire : « Je suis très content pour mes potes et pour le sport. Cela va permettre de faire connaître le skicross au grand public. Et puis, même si ce n’est pas évident pour moi, admet-t-il, c’est hyper stimulant de se dire que je fais partie de cette équipe et de m’entraîner avec les meilleurs. »

Une fois en France, alors qu’un tourbillon médiatique aspire les trois médaillés, Jonas quitte les montagnes pour retrouver sa copine à Dijon. « J’avais besoin de couper du ski, de la montagne, de tout le monde…Et aujourd’hui encore d’ailleurs », confie-t-il. Il a fait l’impasse sur la première Coupe du Monde qui a suivi les Jeux. Un peu trop tôt, un peu trop fatigué émotionnellement : « après les jeux, c’est difficile de repartir. On se prend un coup de barre émotionnel. On se relâche, c’est la fin d’un cycle de quatre ans. Même pour les médaillés et les entraîneurs ce n’est pas évident ».

Quand on demande à Jonas ce qui a été le plus difficile pendant ces jeux, il répond sans hésiter : « c’est un rêve de gosse qui s’est effondré »… Avant de poursuivre : «…en partie, car ce n’est pas fini. Il y aura d’autres occasions à venir ! ».

Enak Gavaggio (précurseur du skicross en France) et Jonas au village olympique

Enak Gavaggio (précurseur du skicross en France) et Jonas au village olympique

Méryll Boulangeat

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Mieux comprendre les paralympiques

Les jeux paralympiques sont ouverts. Des disciplines et des athlètes qui, petit à petit, sortent de l’ombre. Ils deviennent, aux yeux du grand public, des sportifs à part entière. Pourtant, les règlements restent encore méconnus. Les règles peuvent paraîtres flous pour les spectateurs novices des sports paralympiques.

Comment des athlètes ayant un handicap différent  peuvent-t-ils être en concurrence directe. Certains sont-ils avantagés ? Un aveugle a-t-il moins de chance de s’imposer qu’une personne en fauteuil ? Un unijambiste qui skie sans sa jambe a-t-il les mêmes repères qu’un unijambiste amputé ? Essayons de décrypter les subtilités des différents handicaps. Prenons l’exemple du ski alpin.

Pour commencer, il faut savoir que les skieurs sont divisés en trois catégories : « les malvoyants », « les debouts » et « les assis ». Les sportifs s’exprimant debout ou en fauteuils sont plus nombreux que les malvoyants.

Ils évoluent tous sur le même parcours, les uns après les autres, mais figurent dans un classement différent. En descente, par exemple, il y aura trois médailles d’or pour les hommes, soit une par catégorie. Ce sont les malvoyants qui s’élancent en premier sur la piste, suivis des « debouts ». Les « assis » ferment la marche car leurs traces abîment un peu plus la piste.

Les choses se compliquent : chaque catégorie possède des sous catégories. Le IPC (Comité International Paralympique), composé de médecins et de kinésithérapeutes spécialisés, se réunit deux à trois fois par an pour redéfinir les différentes classifications médicales. De ces réunions, émane un tableau qui permet d’établir des coefficients de corrections.

En fonction de la hauteur de leurs handicaps, les sportifs se voient appliquer une pénalité sur leur temps réel effectué pendant la descente. Au final, tout le monde se retrouve sur le même pied d’égalité. En ski alpin, les coefficients sont directement multipliés par le temps réel. A la télévision, seuls les temps finaux, déjà modifiés, sont affichés, facilitant ainsi la compréhension du téléspectateur.

Tous les ans, le comité reçoit les nouveaux licenciés pour définir leur niveau de handicap. Un classement remis en question tous les deux à quatre ans puisque certains handicaps, comme la vue, peuvent évoluer.

LES MALVOYANTS

La première catégorie concerne les malvoyants. Ces sportifs sont accompagnés par un guide qui les précède. La réglementation prévoit une distance maximale à ne pas dépasser entre le l’athlète et son accompagnateur.  Il existe trois déclinaisons de personnes malvoyantes. Les premiers, les B1 (B pour « blind »), sont complètement aveugles. Ils sont guidés par la voix de leur éclaireur qui utilise un haut parleur.

Ensuite, il y a les B2 qui sont capables de distinguer quelques formes. Un de leur entraîneur image ce qu’ils perçoivent : « c’est un peu comme regarder Canal + en codé ». En plus de suivre la silhouette qui les précèdent, ils reçoivent des informations par une oreillette bluetooth.

Les B3 sont ceux qui voient le mieux. Ils distinguent mieux leur guide que les B2 mais sont aussi dotés d’une oreillette.

Français engagés dans cette catégorie : – Ski de fond : Thomas CLARION (B1) guidé par Julien BOURLA

 » LES DEBOUTS « 

Alors qu’il y a seulement trois déclinaisons de malvoyants, les « debouts » sont beaucoup plus nombreux. Pour faire simple, il y a les amputés et les hémiplégiques. Mais ce n’est pas si simple car les amputés ne peuvent pas tous évoluer avec la même pénalité. Les unijambistes ou amputés fémoral (LW2), ont moins d’équilibre que les skieurs amputés au niveau du tibia, qui ont une prothèse (LW4). De même, si un sportif est amputé d’un bras (LW6/8) ou des deux (LW5/7), les repères ne seront pas les mêmes. Le niveau de l’amputation est aussi pris en compte par l’IPC. Par exemple, si le handicap du skieur débute au coude ou à l’épaule, la pénalité sera différente.

Dernière précision : parmi les amputés, il y aussi les sportifs ayant une agénèse. Ils sont nés avec un organe en moins. Classés avec les amputés, ils sont plus habitués au handicap.

Les hémiplégiques sont eux aussi divisés en deux sous catégories (LW9/1 et LW9/2).

Français engagés dans cette catégorie : – Ski alpin : Vincent GAUTHIER-MANUEL (LW 6/8), Cédric AMAFROI-BROISAT (LW 4), Romain RIBOUD (LW 9/2), Solène JAMBAQUÉ (LW 9/2), Marie BOCHET (LW 6/8)  – Snowboard : Patrice BARATTERO, Cécile HERNANDEZ-CERVELLON – Biathlon : Benjamin DAVIET (LW2),

 » LES ASSIS « 

Cette catégorie concerne les paraplégiques et les sportifs amputés des deux membres inférieurs. Sur la piste, ils évoluent en fauteuil roulant (ou glissant) ! A l’image des malvoyants, ils sont divisés en trois déclinaisons. Cela dépend de la hauteur de la lésion. C’est la sangle abdominale qui délimite les différentes sous catégories. Il y a les sportifs qui n’ont aucunes sensations en dessous des abdominaux (LW10) et les paraplégiques incomplets au niveau abdominal (LW11). Dans la dernière déclinaison (LW12), on retrouve les paraplégiques amputés et ceux qui ont toutes leurs capacités abdominales. Parmi eux, certains sont capables de se tenir debout avec ou sans béquilles.

Français engagés : – Ski alpin : Frédéric FRANÇOIS (LW 11), Jean-Yves LEMEUR (LW 12), Cyril MORÉ (LW 12), Yohann TABERLET (LW 12) – Ski de fond : Romain ROSIQUE (LW 11)

Ils seront quinze français à Sotchi, neuf en ski alpin, quatre en ski nordique et deux en snowboard pour la première apparition de la discipline aux jeux paralympiques. Forte de six médailles, dont une en or, à Vancouver, la délégation française s’est fixée l’objectif de rapporter dix médailles dans nos montagnes.

Méryll Boulangeat

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Julien Lizeroux :  » l’homme le plus heureux du monde d’être sur des skis »

Julien Lizeroux

Julien Lizeroux

–       Tu veux quoi pour ton anniversaire ?

–       Tu sais très bien ce que je veux…

–       Une mini cooper ?! (en rigolant)

–       Non des skis de géant pour passer mon Eurotest ! (ndlr : test de ski dans le cursus du monitorat de ski)

 Une minute de silence

–       Tu sais quoi ? Si je gagne une coupe du monde, je t’offre une mini !

 Le pari était lancé…. Quelques semaines plus tard, Julien Lizeroux remportait sa première coupe du monde sur la piste de Kitzbuhel, en Autriche. Marion Lizeroux, sa petite sœur, se rappelle de ce jour si particulier : « toute la famille était sur place…sauf moi ». L’ironie du sort fait qu’elle était justement en train de passer son Eurotest ( ! ) « Après sa victoire, se souvient Marion, il était injoignable. La remise des prix terminée, il m’a téléphoné. La première chose qu’il m’a dite c’est : tu as gagné une voiture ! ».

Voilà comment Marion s’est retrouvée avec une Mini Cooper rouge, symbole d’un des traits de caractère de ce grand frère, avide de défis. « Il fait beaucoup de paris, raconte Marion. C’est un grand joueur, surtout avec ses copains. Il a toujours aimé plaisanter ». Plaisanter mais aussi donner et partager. « Il adore faire des cadeaux. Ce sont souvent des cadeaux de valeur sentimentale. C’est sa façon à lui de donner de l’amour. Quand il part en compétition, il ramène toujours pleins de choses : pour nous, pour ses amis ou pour les enfants de ses amis. »

Derrière ce grand frère généreux, se cache un petit caractère. « Dans la vie, il est parfois chiant ! Il veux souvent avoir raison, avoue Marion. Il a du mal à accepter que l’on ait pas le même avis que lui ». Un défaut qui s’estompe avec le temps, comme le souligne sa petite sœur. « Sa vie d’athlète l’a calmé. Ça lui a apporté beaucoup. Je le trouve de plus en plus ouvert et à l’écoute d’autres opinions. »

Car le parcours de Julien a été semé d’embûches. Marion décrit son parcours sportif comme « périlleux ». « Toute sa carrière a été basée sur la persévérance. Ca a été long et difficile, témoigne-t-elle. Les premiers gros résultats sont arrivés tard. Tous ses efforts ont fini par payer, à la longue. »

Julien Lizeroux et sa soeur Marion

Julien Lizeroux et sa soeur Marion

Pour Marion, le déclic sur le plan sportif a été lié à une épreuve que la vie leur a imposée. En 2008, leur grand frère, Yoann, perdait la vie dans un accident de base jump. « Après le décès de Yo, je me suis dit : il va tout exploser, confie Marion. Il avait tellement envie. Ca lui a donné une force énorme. Dans sa tête, il était devenu invincible. C’est le moyen qu’il avait trouvé pour exprimer sa tristesse et le sentiment d’injustice qu’il ressentait. Un jour mon cousin lui a demandé à quoi il pensait quand il était dans la cabane de départ. Il lui a dit qu’il faisait le vide, qu’il ne pensait à rien. Après l’accident, il a dit : « maintenant je sais à qui je vais penser » »

Ce qui ne tue pas, rend plus fort. « C’est sa devise, notre devise, ajoute Marion. Mon père nous a élevé comme ça. » Julien enchaîne les victoires, les podiums, les résultats pendant plus de deux saisons. Il fait parti des meilleurs slalomeurs mondiaux, tout lui sourit. C’était sans compter sur une vilaine douleur au genou qui se fait de plus en plus insistante. « Il avait mal. Les médecins disaient qu’il n’avait rien. Il a continué à skier jusqu’à ce que la douleur soit si intense qu’il ne puisse plus poser le pied par terre. C’était difficile car il ne savait pas où il allait ni pourquoi il avait si mal. Malgré tout, il ne s’est jamais plains, témoigne sa sœur. Jamais de ma vie, je ne l’ai entendu s’apitoyer sur son sort. Il est très solide dans sa tête. Quand les médecins ont su ce qu’il avait, ils lui ont dit qu’ils ne pouvaient rien faire. A force d’abnégation, il a fini par trouver un chirurgien qui était d’accord pour l’opérer. Il lui a dit : «  je t’opère pour que tu puisses remarcher et monter les escaliers sans avoir mal. Pour que tu es une vie normale. » »

La vie « normale » de Julien, elle, est sur les skis. Après trois ans d’absences, il fait son retour sur le circuit Coupe du Monde, en novembre dernier…et réussi à décrocher son ticket pour Sotchi ! « Il est heureux, souligne Marion. Cette blessure qui l’a handicapée pendant trois ans, l’a métamorphosé. Il est tellement heureux d’être remonté sur les skis ! Il le prend comme une deuxième vie, une seconde chance. Il a réussi à transformer la pression en plaisir. Il ski, il est dans son monde, il est heureux….et nous aussi ! »

« L’homme le plus heureux du monde d’être sur des skis » prendra le départ des Jeux Olympiques pour la deuxième fois avec, comme toujours, le sourire au bord des lèvres.

Méryll Boulangeat

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Julien Lizeroux : " l’homme le plus heureux du monde d’être sur des skis"

Julien Lizeroux

Julien Lizeroux

–       Tu veux quoi pour ton anniversaire ?

–       Tu sais très bien ce que je veux…

–       Une mini cooper ?! (en rigolant)

–       Non des skis de géant pour passer mon Eurotest ! (ndlr : test de ski dans le cursus du monitorat de ski)

 Une minute de silence

–       Tu sais quoi ? Si je gagne une coupe du monde, je t’offre une mini !

 Le pari était lancé…. Quelques semaines plus tard, Julien Lizeroux remportait sa première coupe du monde sur la piste de Kitzbuhel, en Autriche. Marion Lizeroux, sa petite sœur, se rappelle de ce jour si particulier : « toute la famille était sur place…sauf moi ». L’ironie du sort fait qu’elle était justement en train de passer son Eurotest ( ! ) « Après sa victoire, se souvient Marion, il était injoignable. La remise des prix terminée, il m’a téléphoné. La première chose qu’il m’a dite c’est : tu as gagné une voiture ! ».

Voilà comment Marion s’est retrouvée avec une Mini Cooper rouge, symbole d’un des traits de caractère de ce grand frère, avide de défis. « Il fait beaucoup de paris, raconte Marion. C’est un grand joueur, surtout avec ses copains. Il a toujours aimé plaisanter ». Plaisanter mais aussi donner et partager. « Il adore faire des cadeaux. Ce sont souvent des cadeaux de valeur sentimentale. C’est sa façon à lui de donner de l’amour. Quand il part en compétition, il ramène toujours pleins de choses : pour nous, pour ses amis ou pour les enfants de ses amis. »

Derrière ce grand frère généreux, se cache un petit caractère. « Dans la vie, il est parfois chiant ! Il veux souvent avoir raison, avoue Marion. Il a du mal à accepter que l’on ait pas le même avis que lui ». Un défaut qui s’estompe avec le temps, comme le souligne sa petite sœur. « Sa vie d’athlète l’a calmé. Ça lui a apporté beaucoup. Je le trouve de plus en plus ouvert et à l’écoute d’autres opinions. »

Car le parcours de Julien a été semé d’embûches. Marion décrit son parcours sportif comme « périlleux ». « Toute sa carrière a été basée sur la persévérance. Ca a été long et difficile, témoigne-t-elle. Les premiers gros résultats sont arrivés tard. Tous ses efforts ont fini par payer, à la longue. »

Julien Lizeroux et sa soeur Marion

Julien Lizeroux et sa soeur Marion

Pour Marion, le déclic sur le plan sportif a été lié à une épreuve que la vie leur a imposée. En 2008, leur grand frère, Yoann, perdait la vie dans un accident de base jump. « Après le décès de Yo, je me suis dit : il va tout exploser, confie Marion. Il avait tellement envie. Ca lui a donné une force énorme. Dans sa tête, il était devenu invincible. C’est le moyen qu’il avait trouvé pour exprimer sa tristesse et le sentiment d’injustice qu’il ressentait. Un jour mon cousin lui a demandé à quoi il pensait quand il était dans la cabane de départ. Il lui a dit qu’il faisait le vide, qu’il ne pensait à rien. Après l’accident, il a dit : « maintenant je sais à qui je vais penser » »

Ce qui ne tue pas, rend plus fort. « C’est sa devise, notre devise, ajoute Marion. Mon père nous a élevé comme ça. » Julien enchaîne les victoires, les podiums, les résultats pendant plus de deux saisons. Il fait parti des meilleurs slalomeurs mondiaux, tout lui sourit. C’était sans compter sur une vilaine douleur au genou qui se fait de plus en plus insistante. « Il avait mal. Les médecins disaient qu’il n’avait rien. Il a continué à skier jusqu’à ce que la douleur soit si intense qu’il ne puisse plus poser le pied par terre. C’était difficile car il ne savait pas où il allait ni pourquoi il avait si mal. Malgré tout, il ne s’est jamais plains, témoigne sa sœur. Jamais de ma vie, je ne l’ai entendu s’apitoyer sur son sort. Il est très solide dans sa tête. Quand les médecins ont su ce qu’il avait, ils lui ont dit qu’ils ne pouvaient rien faire. A force d’abnégation, il a fini par trouver un chirurgien qui était d’accord pour l’opérer. Il lui a dit : «  je t’opère pour que tu puisses remarcher et monter les escaliers sans avoir mal. Pour que tu es une vie normale. » »

La vie « normale » de Julien, elle, est sur les skis. Après trois ans d’absences, il fait son retour sur le circuit Coupe du Monde, en novembre dernier…et réussi à décrocher son ticket pour Sotchi ! « Il est heureux, souligne Marion. Cette blessure qui l’a handicapée pendant trois ans, l’a métamorphosé. Il est tellement heureux d’être remonté sur les skis ! Il le prend comme une deuxième vie, une seconde chance. Il a réussi à transformer la pression en plaisir. Il ski, il est dans son monde, il est heureux….et nous aussi ! »

« L’homme le plus heureux du monde d’être sur des skis » prendra le départ des Jeux Olympiques pour la deuxième fois avec, comme toujours, le sourire au bord des lèvres.

Méryll Boulangeat

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Chloé Trespeuch : des supporters en or pour une médaille de bronze !

Chloé dans l'aire d'arrivée avec son frère Léo

Chloé dans l’aire d’arrivée avec son frère Léo

Dimanche 16  février, au pied du boardercross de Rosa Kuthor, une petite blondinette, tresse sur le côté, explose de joie. Chloé Trespeuch, jeune française de 19 ans, vient de remporter le bronze olympique. Après avoir tourné un moment autour, c’est le premier podium international (sénior) de sa jeune carrière…onze mois seulement après une opération du ligament croisé du genou.

Pour partager son bonheur en bas de la piste, le clan Trespeuch est réuni. Son grand frère, Léo, est le premier à pouvoir féliciter la toute nouvelle bronzée olympique. « Une fois la compétition terminée, j’ai couru dans l’aire d’arrivée. En voyant le nom Trespeuch sur mon accréditation, les contrôleurs m’ont laissé passer dans la zone presse. J’ai  pu rejoindre Chloé pour lui dire que j’étais fier d’elle !  »

Pourtant, il s’en est fallu de peu pour que la famille de Chloé ne soit pas dans les gradins.  « Pour aller à Sochi, nous avons commencé par recenser les Trespeuch intéressés. Ensuite, nous sommes rentrés dans une aventure administrative incroyable. Obtenir les visas était un vrai parcours du combattant. Nous avons fait plusieurs aller-retour à Paris. Nous les avons finalement reçus…la veille du départ ! »

A Rosa Kuthor, dimanche matin, tout le clan Trespeuch était mobilisé  » de bonne heure, kit du supporter » en main (banderoles, bonnets…). Après la première manche qualificative, Chloé a terminé à la treizième place, à trois secondes du meilleur temps. « Je suis allée la voir après son premier run. Je lui ai demandé pourquoi elle ridait en demi teinte, raconte Léo. Je lui ai donné quelques conseils pour qu’elle fasse mieux. » Deuxième manche : un autre visage de Chloé se dévoile : « elle a amélioré son temps d’une seconde et demi et remporté la manche », se félicite Léo.

Les qualification terminée, une longue période d’attente s’en suit pour Chloé et son fan club.  » Il y a eu une heure de break avant la finale. Le stress montait petit à petit au sein de la famille. Puis les chaos à six par six ont commencé  (ndlr : les snowboardeuses s’élancent à six en même temps dans le même parcours, les trois premières à franchir la ligne d’arrivée passent au tour suivant). J’avais l’estomac noué tellement j’avais peur que ça se passe mal. Finalement, tout c’est bien passé jusqu’à la finale. On savait qu’une médaille était en jeu, que tout était possible. Il fallait qu’elle donne tout ce qu’elle avait. Nous en avions parlé ensemble un peu plus tôt. Il ne fallait pas qu’elle relâche la pression en finale. Il fallait ce podium coute que coute. Après le départ, Chloé était quatrième. Il n’y a que trois places sur le podium. Tout était encore possible. Je l’ai vu tenter de doubler par l’intérieur, puis par l’extérieur avant de faire une grosse faute. Elle avait perdu toute sa vitesse. Dans ma tête, c’était la catastrophe. J’avais peur. A côté, ma copine y croyais « ce n’est pas encore perdu, aller, aller, jusqu’au bout ». Devant Chloé, les filles se sont bousculées avant de chuter.  Chloé a réussi à éviter le carambolage et s’est envolée vers le bronze olympique ! Dans le clan Trespeuch, on pleurait de joie. Nous voir comme ça, tous en larme, c’était magique ! »

La breloque en poche, les larmes séchées, la soirée des  supporters de Chloé, Léo en tête, est presque aussi chargée que celle de la médaillée. « Nous sommes tous allés au club France. On a fait quelques interviews. »

Léo, le grand frère de Chloé

Léo, le grand frère de Chloé

Pour compléter cet agenda de ministre improvisé, les Trespeuchs ont pris la direction de Sotchi en train. 45 minutes pour savourer et partager ce moment de joie. Sotchi, la remise des médailles, la montée des drapeaux et des larmes, encore. 45 minutes de trains dans l’autre sens pour retourner au Club France avant de faire un petit tour en discothèque pour fêter : les premiers Jeux Olympiques de Chloé !

Méryll Boulangeat

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