Archives de Tag: montagne

Une usine à la montagne

CP/MB

La voiture semble avoir roulé des heures dans le blanc Tyrol autrichien avant d’apercevoir le petit village de Mittersil. Depuis la route qui descend du col, le typique bourg d’environ 6 000 personnes, niché en fond de vallée, se distingue par son imposant clocher. Non loin de ce dernier trône un bâtiment tout aussi imposant : l’usine du groupe Tecnica. C’est dans cet édifice blanc, au fin fond des montagnes autrichiennes, que les skis Blizzards sont fabriqués depuis 1945. Conçus par Toni Arnsteiner, dans la petite menuiserie qui accueille désormais Lire la suite

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Pierra Menta #5 : «Comme une petite dépression»

Sixième victoire sur la Pierra Menta pour Laetitia Roux avec 48 minutes d'avance sur ses poursuivantes. Credit Photo/ Jocelyn Chavy

Sixième victoire sur la Pierra Menta pour Laetitia Roux avec 48 minutes d’avance sur ses poursuivantes.
Credit Photo/ Jocelyn Chavy

Laetitia Roux vient de remporter, avec sa coéquipière Axelle Mollaret, sa sixième Pierra Menta. Avec 83 kilomètres de course et 10 500 mètres d’ascension la course de ski-alpinisme la plus difficile au monde a tenu ses promesses. La favorite de l’épreuve, Laetitia Roux, aussi. Pour ce dernier épisode, elle évoque la journée qui l’a conduite au titre mais aussi ce qu’elle aime dans ce sport.

« En passant la ligne d’arrivée, je me suis dis « ça y est, c’est fait, c’est fini ! ». Une petite phrase accompagnée d’un grand soulagement et d’un moment de bonheur. Même si tout s’est passé idéalement pour notre équipe depuis le premier jour, rien n’est gagné d’avance. Jusqu’à la ligne d’arrivée, tout peut arriver. L’avance accumulée nous laissait une marge d’erreur mais il faut savoir rester concentré. Ne pas se laisser parasiter par l’enjeu. D’ailleurs dans enjeu, il y a jeu. Et c’est ce qui me plaît dans le ski-alpinisme. Nous sommes tous de grands enfants et Lire la suite

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Pierra Menta #3 : « La sieste ? Ce ne sera pas pour aujourd’hui ! »

Laetitia Roux, quinze fois championne du monde de ski-alpinisme, nous fait découvrir, au jour le jour, les coulisses de la mythique Pierra Menta. Encore victorieuse de l’étape d’aujourd’hui, elle raconte sa journée marathon, sur les skis et en dehors.

Crédit photo/Jocelyn Chavy

Crédit photo/Jocelyn Chavy

« Le départ de l’étape d’aujourd’hui était assez stratégique, comme souvent. Nous sommes partis en masse en direction de la première montée. L’idée est de se décrocher rapidement du peloton pour ne pas être coincés sur les parties techniques. Au départ la piste est large et damée. Tout le monde peut se frayer une place. Puis nous arrivons en zone hors pistes où il y a seulement deux traces. C’est la partie la plus technique avec des conversions et de la neige qui glisse sous le pied. Les garçons sont plus rapides sur le sprint du départ mais Lire la suite

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2431 mètres

Deux heures du matin. Mis à part le cristallier qui dort à poings fermés, le refuge s’est vidé. Chloé, la gardienne, nettoie les restes de petits déjeuners précoces. Plus bas, sur le glacier, on aperçoit quelques lumières d’alpinistes matinaux. Le ciel démesurément étoilé et le silence qui y règnent dégagent une atmosphère presque magique, hors du temps, féérique. Un seul détail ramène à la réalité : le froid. Il est bien présent. Petit à petit il s’incruste, parcoure la totalité du corps. Mais il est pur, presque agréable, car unique. En montagne, le froid est différent.

Les Grandes Jorasses entre couché de soleil et levé de lune

Les Grandes Jorasses entre couché de soleil et levé de lune

La veille, le petit refuge de Leschaux était en ébullition. Après une saison compliquée pour les alpinistes, les derniers beaux jours d’été sont optimisés. Tous se précipitent en montagne, à l’assaut de voies extrêmes qui les font tant vibrer. Ici, c’est la face nord des Grandes Jorasses, dans le massif du Mont Blanc, qui est convoitée. « Comme beaucoup d’alpinistes, j’entretiens un rapport particulier avec cette face nord qui porte en elle l’histoire de l’alpinisme. Chaque voie est un beau voyage, raconte l’alpiniste Morgan Baduel. Elles sont comme les pages d’un livre à dévorer. Cet univers radical nous pousse dans nos retranchements, nous met à nu. Toutes ces lignes bercent l’imaginaire, les peurs, les aspirations. »

Pendant l'ascencion

Eliot pris en photo par son ami Morgan Baduel pendant l’ascencion                                                                                                CP/Morgan Baduel

En rouge, le chemin emprunté par les alpinistes pour atteindre le sommet. cette voie se nomme le "Colton".

En rouge, le chemin emprunté par les alpinistes pour atteindre le sommet. cette voie se nomme le « Colton Mc Intyre ».  CP/Morgan Baduel

Une petite trentaine de personnes est venue passer la nuit dans le refuge avant de se lancer à la conquête de leur objectif. « C’est la première fois que je fais cette voie, se réjouit Guilia, une alpiniste Italienne. » Dans le refuge, peu de place aux femmes. Elles ne sont que trois. Et quand on voit la face qui se dresse devant ces petites nanas, on comprend mieux pourquoi. Guilia est une skieuse et une alpiniste expérimentée : « J’ai fait beaucoup de ski, notamment en freeride, puis de l’escalade et de la cascade de glace. Petit à petit ces expériences m’ont conduites à l’alpinisme. »

glacier

Pour arriver au refuge, les alpinistes sont partis de la célèbre station Haute-Savoyarde, Chamonix. Ils ont pris un train, descendus des échelles verticales fixées dans la roche, emprunté une mer de glace avant de rejoindre le glacier de Leschaux pour finir par de nouvelles échelles acrobatiques menant au refuge perché. Un parcours du combattant ? Une formalité pour ces aventuriers des temps modernes. Rejoindre le refuge n’étant qu’une marche d’approche tellement anodine face à l’objectif fixé.

Un petit moment de calme face aux montagnes

Après (et surtout avant) l’effort, le réconfort d’un panorama magnifique

Une fois au refuge, les alpinistes profitent des derniers rayons du soleil et préparent leur voie du lendemain

Une fois au refuge, les alpinistes profitent des derniers rayons du soleil et repèrent leur itinéraire du lendemain

Arrivés au refuge, Chloé les attend. Avec son sourire et…son chat.

Pour effacer la sensation de solitude quand les alpinistes se font discrets, Chloé peut compter sur "Joras", son chat

Pour effacer la sensation de solitude quand les alpinistes se font discrets, Chloé peut compter sur « Joras », son chat.

matos

De mi juin à mi septembre, Chloé passe tout l’été à 2431 mètres d’altitude. Elle ne redescend que très rarement pour faire quelques courses et voir ses amis. Disons que les trois heures de marche ne lui facilitent pas la tâche.Deux fois par été, elle fait venir un hélicoptère qui lui livre des vivres. La gestion des stocks est très importante.

L'heure du repas. Un moment convivial. Au menu : soupe de légume et tomme de savoie, croziflette, gâteau à l'abricot.

L’heure du repas. Un moment convivial. Au menu : soupe de légume et tomme de savoie, croziflette, gâteau à l’abricot.

Sur place Chloé se sent privilégiée : « J’ai de la chance, j’ai beaucoup de confort ici. Je peux faire ma vaisselle et me laver à l’eau chaude. Je capte internet et même la télévision. Tout ça m’a bien aidé cet été car à cause des conditions, je n’ai pas vu grand monde jusqu’à maintenant. »

Chloé est seul maitre à bord de ce refuge métallique incrusté dans la falaise. Elle s’occupe des réservations, de la nourriture, des couchages et même du réveil. Ainsi, aujourd’hui, plusieurs réveils sont programmés dans la nuit. De minuit à deux heures du matin, elle passera sa tête de blondinette trois fois par la porte des dortoirs avec toujours cette petit voix : « Bonjour, il est minuit ! ».

Les dortoirs

Les dortoirs

Chloé dans sa cuisine

Chloé aux fourneaux

La nuit passée, le refuge vidé, elle se retrouve seule à nouveau. Pas le temps de flâner, il faut tout ranger, nettoyer et cuisiner pour accueillir au mieux ses hôtes d’un soir. La journée ne fait que commencer mais elle semble ne jamais se terminer. Parfois, elle se sent surmenée. Alors elle se pose, elle regarde les montagnes et se dit que pour rien au monde elle ne voudrait passer son été ailleurs.

cristal et montagnes

Méryll Boulangeat @Meryll_B

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TDF : « Nous continuons d’y croire » Le carnet de route de Cyril Lemoine : #épisode 8

Cyril Lemoine est cycliste professionnel depuis 2003. Il participe à son quatrième Tour de France avec l’équipe Cofidis. Pendant les trois semaines que dure l’événement, Cyril nous fait partager SON Tour de France. L’occasion de découvrir la grande boucle d’un angle différent à travers un coureur sympathique et disponible.

Mercredi 23 juillet, dix-septième étape

«  Encore une étape pas facile…Mais j’y suis arrivé ! Tout le monde commence à en avoir un peu marre. On sens que les organismes sont fatigués. L’étape d’hier nous a bien marqués.  L’échappée du jour est partie très tôt : au bout de 10 kilomètres c’était réglé. C’est un signe. C’est difficile de s’accrocher et ceux qui se sont le mieux préservés hier arrivent à décrocher le reste des coureurs rapidement.

Je suis resté dans le peloton. Ce n’était pas de tout repos, la pression était forte car l’équipe Katusha voulait absolument rejoindre l’échappée pour placer, Rodriguez, leur meilleur grimpeur, avant le premier col. Nous avons rouler à 50 km/h jusqu’au col. Après, j’ai aidé les grimpeurs de l’équipe à bien se placer. C’était usant. Bien que j’ai réussi à faire le premier col dans le peloton, je me suis ensuite retrouvé dans un groupe d’une trentaine de personnes avec un objectif commun : finir dans les délais.

Demain c’est rebelote avec plusieurs côtes, le col du Tourmalet et la montée du Hautacam en guise de dessert !

Le Tourmalet est un col mythique mais il ne me fait pas plus peur que ça. Je l’aime bien. Pour l’avoir fait plusieurs fois, je trouve qu’il monte bien. Moralement, je me console en me disant que nous l’attaquons par le côté que je préfère : par La Mongie. L’autre côté me plait moins et me paraît plus difficile.

C’est la dernière grosse étape de montagne. L’objectif pour moi va être de suivre au maximum tout en me préservant pour les étapes à venir. Je pense notamment à l’étape d’après-demain qui peut me convenir.

Gagner une étape

On sent que c’est la fin du Tour. Plusieurs équipes, comme nous, n’ont pas encore gagné d’étapes. C’est notre objectif et les occasions de le réaliser s’amenuisent de jours en jours. Mais nous continuons d’y croire.

A quelques jours de la fin, je peux dire que ce Tour est quand même costaud. Même si tous les Tour sont difficiles, la particularité de cette année est que nous avons commencé dès les premiers jours par des étapes pas faciles avec l’Angleterre, ces parcours accidentés et ces petits dénivelés.

Le soir, dans le bus, on est rincé. Le calme prend le dessus sur le reste. Nos petites habitudes commencent à prendre le dessus. Une fois les vélos rangés, nous essayons d’optimiser chaque moment pour être le plus rapidement possible au lit. Tout d’abord le massage. Il y a un kiné pour deux coureurs. Toujours le même kiné. Il connaît nos petites manies et nos petites habitudes. C’est aussi une question d’affinités. Ensuite le repas. Nous mangeons à la suite les uns des autres. Et puis nous regagnons la chambre. Je fais quelques étirements pour diminuer mes tensions dorsales avant de regarder la télé pour me changer les idées. Quelques mots échangés avec mon collègue de chambre (toujours le même) et il est l’heure de dormir. Récupérer, recharger les batteries avant d’attaquer le mythique Tourmalet…entre autres. »

Propos recueillis par Méryll Boulangeat @Meryll_B

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TDF : « Dans le vélo, nous fonctionnons en équipe » Le carnet de route de Cyril Lemoine : #épisode 6

Cyril Lemoine est cycliste professionnel depuis 2003. Il participe à son quatrième Tour de France avec l’équipe Cofidis. Pendant les trois semaines que dure l’événement, Cyril nous fait partager SON Tour de France. L’occasion de découvrir la grande boucle d’un angle différent à travers un coureur sympathique et disponible.

Vendredi 18 juillet, treizième étape

« J’ai passé une sale journée. Je n’avais pas de bonnes jambes, j’ai subi. Je suis passé par tous les états.  Dans la tête il y a eu des moments durs. Comme on dit dans le jargon : j’ai eu l’impression de me faire taper dessus toute la journée. Sur trois semaines de compétitions, il y a forcément des jours sans. Aujourd’hui en était un. J’espère que si il y en a un autre ce sera sur une étape de plaine car sur les étapes de montagne c’est compliqué à gérer.

Les hostilités ont commencé assez rapidement. J’ai aidé un de mes coéquipiers à remonter le peloton jusqu’au pied du deuxième col. On roulait à fond, aux alentours de 60 kms/h, sur le plat. Quand je suis arrivé au début du col, je n’avais pas encore récupéré de mon effort. Je me suis écarté, j’avais fait mon boulot. Mais la montée du col a été vraiment difficile. J’ai entendu les mecs qui criaient « gruppetto »pour que le groupe s’organise. Même dans ce groupe, j’avais du mal à suivre. Je me suis accroché pour tenir. Je pense que j’étais sous-alimenté. Dès que j’ai pu manger un morceau, j’ai retrouvé de l’énergie.

En plus, la chaleur était pesante. Dans les cols, il y a peu de vent, c’est comme être dans un four. On souffre. On essaye de s’arroser, nos maillots sont trempés. Dans les chaussures, avec les frottements accumulés à la chaleur, les pieds brulent. Dans ces conditions, il faut s’hydrater en permanence.

En haut des cols, le staff de l’encadrement est placé pour nous distribuer des bidons. Le reste du temps, il faut appeler la voiture de l’équipe. La technique est simple : le coureur se met à l’arrière du peloton et lève la main. Le directeur de course appelle la voiture concernée. Celle-ci double les autres et se rapproche du peloton. Le coureur désigné par l’équipe vient récupérer les bidons pour lui et ses coéquipiers. C’est un petit exercice assez fatiguant car il faut ensuite remonter tout le peloton avec sept ou huit bidons (de 500 g chacun) pour les distribuer à ses coéquipiers. Aujourd’hui, je l’ai fait une fois avant les deux derniers cols. On essaie de mettre tout en place pour que les grimpeurs de l’équipe soient au top dans les cols. Malheureusement, le meilleur grimpeur de notre équipe, Dany Navarro (9ème de l’édition 2013), a du abandonner après avoir vomi plusieurs fois. Dans l’équipe nous sommes tous déçu pour lui mais on ne s’apitoie pas sur notre sort. On essaie de rigoler, de positiver et de se changer les idées.

Dans le vélo, nous fonctionnons en équipe. Tous les matins, le manager nous rassemble pour faire un récapitulatif de l’étape de la veille : ce qui a marché et ce qui n’a pas fonctionné. Jusqu’à aujourd’hui, il y a eu beaucoup de positif. Puis le directeur sportif nous fait un briefing de la course du jour. Les rôles sont définis en fonction de la fraicheur et des sensations de chacun. Tous les jours, ça change.

Au fil de l’étape, il peut encore y avoir des changements. Nous avons tous une oreillette dans laquelle nous sont signalés les changements tactiques pendant l’épreuve. Ce petit objet léger ne nous gêne pas. Il peut aussi être utile en cas de dangers ou d’obstacles identifiés sur la route. Un îlot directionnel, une chute à l’avant ou une route fondu à cause de la chaleur, ce sont des informations essentielles.

D’autres infos essentielles : les profils de chaque étape. Tous les cyclistes ont reçu en début du Tour vingt-et-un papiers détaillant les étapes. Chaque jour, je les découpent et les scotchent  sur mon guidon, autour de la potence. Cela permet de me donner des repères. Toutes les infos importantes sont notées : les kilomètres, les sommets, les longueurs de cols, les pourcentages moyens de chaque pente…

Le vélo de Cyril Lemoine avec le profil de la course scotché sur le guidon

Le vélo de Cyril Lemoine avec le profil de la course scotché sur le guidon

Demain, nous restons dans les montagnes. J’espère que pour moi la journée sera moins éprouvante. Comme chaque jour, j’ai utilisé le temps de trajet en bus pour commencer ma récup’ avec des bottes spéciales qui font à la fois cryothérapie et pressiothérapie avant de passer, une fois à l’hôtel, entre les doigts de mon kiné. Et demain, l’aventure continue… »

Propos recueillis par Méryll Boulangeat @Meryll_B

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TDF : « On doit aimer la souffrance » Le carnet de route de Cyril Lemoine : #épisode 5

Cyril Lemoine est cycliste professionnel depuis 2003. Il participe à son quatrième Tour de France avec l’équipe Cofidis. Pendant les trois semaines que dure l’événement, Cyril nous fait partager SON Tour de France. L’occasion de découvrir la grande boucle d’un angle différent à travers un coureur sympathique et disponible.

Lundi 14 juillet, dixième étape

« Voilà deux jours que le maillot de meilleur grimpeur a quitté mes épaules. Je savais que ça allait être difficile de le garder car je n’ai pas un profil de grimpeur mais il y a quand même une petite part de déception. Je commençais à m’y habituer à ces pois !!! Le côté positif c’est que je suis moins sollicité le soir, ce qui me laisse plus de temps pour récupérer.

Il me restera de nombreux souvenirs de ces six jours passés sous les couleurs rouges et blanches. Chaque jour j’ai reçu un nouveau maillot protocolaire, j’en ai donc six. Et pour la course, c’est pareil, j’avais le droit à mon lot de maillot à pois : un maillot classique, une chasuble à manches courtes à mettre par-dessus en cas de froid, un maillot à manches longues et un k-way. Je vais en  garder quelques uns et en offrir à mon staff.

Nous sommes en ce moment dans les Vosges. L’arrivée d’aujourd’hui est la même que celle d’il y a deux ans (La Planche des Belles Filles). Nous finissons par un petit col qui n’est pas très long mais n’en reste pas moins difficile car pentu (environ 20%). Mais avant d’y arriver, nous avons pas mal d’autres cols à passer.

Cyril Lemoine sous les couleurs de Cofidis

Cyril Lemoine sous les couleurs de Cofidis

Les étapes de montagnes, c’est vraiment quelque chose à part. Il y a les grimpeurs et puis les autres. On peut dire que je fais partie des autres. Ces étapes sont stressantes car il y a un délai à respecter une fois que le vainqueur de l’étape a franchi la ligne. Hier, c’était 27 minutes. En montagne, un nouveau groupe se forme : le gruppetto. C’est un groupe de cyclistes qui ont étaient distancé par le peloton. Le but principal du gruppetto est de terminer dans les délais. Le rythme est un peu moins intense et il est plus facile de monter à son rythme. Mais attention, il ne faut pas croire que c’est une ballade. C’est aussi dur que d’être à l’avant car sur le plat, ça roule au maximum pour compenser le temps perdu dans les montées. Dans les descentes, la prise de risques est maximum. Il y a peu de temps de répit. Et puis, il y a le côté stressant : tu sais qu’il faut arriver dans les temps sinon le soir, tu rentres à la maison.

Heureusement je ne me suis pas encore retrouvé dans ce groupe cette année, j’ai réussi à rester dans le peloton. La journée d’aujourd’hui s’annonce difficile. Je vais essayer de m’économiser au maximum pour les étapes qui suivent. Mon rôle va être d’épauler les grimpeurs de mon équipe pour essayer de bien les placer dès les premiers cols, de les lancer.

Quand ça grimpe, tu passes par de nombreux états

En règle générale je reste plutôt optimiste et je me dis que je vais y arriver, qu’il y a toujours des solutions. Mais quand tu souffres, que les jambes commencent à bruler, c’est dur. Il y a des petits moments de découragements. Tu penses que tu ne vas pas y arriver. Tu te dis « ce soir je suis à la maison ». Et puis parfois, c’est juste le vide dans ta tête, c’est complètement vide. Il ne se passe rien. Il m’arrive aussi de penser à ma famille, ma femme et mon petit bout.

Le pire scénario, c’est quand tu lâches prise le premier. Tu te retrouves seul et tu sais qu’il te reste une dizaine de kilomètres. Tu vois les voitures des équipes qui ne sont plus là et au loin tu aperçois les autres coureurs. Il ne reste que toi et les spectateurs. Là, tu te poses des questions, ça trotte dans la tête. Heureusement, ca ne m’est arrivé qu’une seule fois !

Quand tu souffres, tu regardes et tu te concentres sur la roue du mec qui est devant toi. Et tu te fixes des étapes. Col par col, virage par virage. Dans ces étapes là, tu as le temps de regarder les autres coureurs. Sur certains visages, tu vois la fatigue qui commence à faire son effet. Quand c’est vraiment difficile, les nerfs craquent et certains pleurent sur leurs vélos. C’est drôle car après, quand c’est terminé, on en rigole entre nous. Ce sont à la fois des mauvais et des bons souvenirs. On se dit qu’on est des barjots et qu’on doit aimer la souffrance !

Les étapes de montagne, c’est aussi l’occasion de discuter avec les autres coureurs, quand nous ne sommes pas essoufflés ! En plaine, ça roule trop vite et avec les passages de relais, nous n’avons pas le temps. On parle de vélo, de nos sensations, des étapes passées et à  venir. On parle aussi de notre vie privée avec les cyclistes que l’on connaît le mieux. Ca permet de passer le temps car sinon, les journées sont parfois longues !  »

Propos recueillis par Méryll Boulangeat

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