Archives de Tag: ski freestyle

Trois médailles olympiques, ça change quoi ?

CP/ C.Cattin-OT Val Thorens

CP/ C.Cattin-OT Val Thorens

Une marseillaise pour trois. L’image était belle et presque surréaliste. La performance, historique. C’était à Sotchi, l’hiver dernier. Un podium 100% tricolore aux Jeux Olympiques, du jamais vu. Onze mois plus tard, la planète skicross s’est donnée rendez-vous en France, à Val Thorens, pour la deuxième Coupe du monde d’une saison marquée par le manque de neige. La station savoyarde organise cet événement international pour la troisième année consécutive. L’occasion de faire le bilan et de répondre à cette question : « Trois médailles olympiques, ça change quoi ? ».

Dans l’aire d’arrivée, ils étaient entre 1 500 et 2 000 spectateurs mais ils faisaient du bruit comme si il étaient 10 000. Cloches, tronçonneuse, cris, même le speaker était difficilement compréhensible dans ce brouhaha constant, entretenu par les belles performances des skieurs français. Jamais sur une Coupe du monde de skicross il n’y avait eu Lire la suite

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Jeux Olympiques de Sotchi : Vrai ou faux record ?

Avec 15 médailles en Russie, la France a atteint son objectif. Et apporté aux JO une poignée de belles surprises. Mais derrière les chiffres se cache une réalité plus nuancée. Les échecs ont été nombreux et le programme n’a jamais été aussi fourni.

 

Début décembre. Fabien Saguez, directeur technique national de la fédération française de ski, annonce : « Pour les Jeux olympiques de Sotchi, notre objectif à la FFS est de 15 médailles, dont 5 en or », avant d’ajouter : « C’est un objectif ambitieux ». Le 23 février dernier, lors de la cérémonie de clôture de ces mêmes Jeux olympiques, le tableau des médailles affiche 15 récompenses (dont 4 en or)…pour l’ensemble de la délégation française. Un record aux Jeux olympiques d’hiver. Un record à l’allure trompeuse.

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Enquête : Jeux olympiques de Sotchi, vrai ou faux record ?

Michel Vion, président de la Fédération Française de ski Crédit photo : L'Equipe

Michel Vion, président de la Fédération Française de ski
Crédit photo : L’Equipe

Avec 15 médailles en Russie, la France a atteint son objectif. Et apporté aux JO une poignée de belles surprises. Mais derrière les chiffres se cache une réalité plus nuancée. Les échecs ont été nombreux et le programme n’a jamais été aussi fourni.

Début décembre. Fabien Saguez, directeur technique national de la fédération française de ski, annonce : « Pour les Jeux olympiques de Sotchi, notre objectif à la FFS est de 15 médailles, dont 5 en or », avant d’ajouter : « C’est un objectif ambitieux ». Le 23 février dernier, lors de la cérémonie de clôture de ces mêmes Jeux olympiques, le tableau des médailles affiche 15 récompenses (dont 4 en or)…pour l’ensemble de la délégation française. Un record aux Jeux olympiques d’hiver. Un record à l’allure trompeuse. Benoît Lallement couvre les disciplines hivernales depuis 1998 pour le journal L’Equipe. Il estime que « c’est un bilan correct. Ils ont fait le nombre de médailles qu’ils avaient annoncées ». Pourtant, le journaliste pose quelques nuances : « On peut se poser la question de savoir si l’objectif n’a pas été sous-évalué en amont ». Benoît Lallement souligne qu’il n’y ait jamais eu autant de disciplines au programme des Jeux olympiques. Six nouvelles épreuves ont fait leur apparition en Russie. De quoi faire sourire le clan français. En half pipe, deux filles et trois garçons jouaient sur le devant de la scène en cette année olympique. L’équipe de saut à ski féminin, aussi jeune soit-elle, n’avait pas à rougir face aux autres nations et pour le relais mixte en biathlon, la France faisait partie des favorites au titre. A ce vent de fraicheur et de nouveauté, il fallait ajouter la forte bise venue des anciens. Ceux pour qui l’aventure olympique est devenue une simple formalité tous les quatre ans. Ski alpin, biathlon, combiné nordique…des épreuves et des chances de podiums légitimes.

Avec 19 médailles aux derniers championnats du monde, toutes disciplines confondues, la France a-t-elle vue petit en visant seulement 15 médailles à Sotchi ?« L’objectif était réaliste, voire ambitieux, analyse un expert de l’INSEP (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance). Comme lors de tous les Jeux olympiques, il faut prévoir que certains favoris seront présents mais d’autres non. » Un autre critère à prendre en compte dans les calculs : les blessures. « C’est plus compliqué à gérer que pour les sports d’été car il y a énormément de blessés », souligne Benoît Lallement. Parmi les blessures, survenues quelques mois avant l’échéance, deux ont particulièrement retenues l’attention : celles de Marion Rolland et de Tessa Worley, toutes deux Championnes du monde en titre de ski alpin (en descente et en slalom géant).

Miser sur la polyvalence

Sur 15 médailles ramenées dans les montagnes françaises 7 d’entre elles ont été remportées par des sports qualifiés d’« alternatifs » pour certains, « de djeun’s » pour d’autres (le snowboard et le ski freestyle). Sans ces sports, le bilan français serait réduit de moitié. Pour Michel Vion, ce n’est pas une surprise. « Depuis que je suis arrivé à la tête de la fédé, il y a quatre ans, nous avons pris l’option de jouer sur toutes les disciplines. Nous avons essayé de faire en sorte que tout le monde puisse travailler dans des conditions satisfaisantes, explique-t-il. Ce résultat n’est autre que le fruit de notre volonté de polyvalence. Nous essayons de répartir le budget le plus justement possible, même si nous sommes bien conscients que ce n’est jamais assez. »

Le Ski Freestyle Project regroupe les pratiquants du ski half pipe français. Géré en marge de la fédération, il est autonome. La FFS débloque un budget minimum, ce qui permet au groupe d’évoluer librement et d’échapper à certaines contraintes dictées par la FFS comme le choix du matériel et des tenues. Alors que certains s’interrogent sur le fait de pouvoir évoluer hors du cadre fédéral, Michel Vion assume cette situation : « Nous n’aurions pas la capacité de gérer ce groupe. Ils sont très professionnels dans leurs démarches, on leur fait confiance. Il serait même intéressant, sur le long terme, d’étendre ce mode de fonctionnement à d’autres disciplines. Nous avons compris qu’on ne gère pas de la même manière un groupe de snowboarder et de freestylers qu’un groupe de skieurs alpins ou de biathlètes. » Le président de la fédération se félicite de cette polyvalence, selon lui, spécifique à la France : « très peu de nations peuvent faire ce constat. Prenez la Norvège par exemple, ils sont très fort en nordique mais n’ont pas de snowboarders. Les Américains sont présents partout mais pêchent en biathlon. Aux Pays-Bas, l’accent est mis sur le patinage de vitesse. »

La glace a fondu

Le patinage de vitesse et tous les sports de glace, talon d’Achille du clan français. « En sport de glace, le bilan est nul », commente Benoît Lallement. Depuis Turin en 2006, aucune médaille n’a été décrochée par la fédération des sports de glace (FFSG). Et les Jeux de Sotchi n’ont pas permis d’inverser la tendance. « La glace, c’est un chantier énorme, explique le journaliste de l’Equipe. Il n’y a pas de stratégie mise en place. Ils sont restés dans la ligne droite de Vancouver sans se poser les bonnes questions et en tirer des leçons.» Même constat pour l’expert de l’INSEP, « c’est un échec, avoue-t-il. Il ne fallait pas s’attendre à des miracles. Les seuls chances étaient le couple Péchalat-Bourzat, qui pouvait espérer une médaille de bronze en danse sur glace, et Florent Amodio (ndlr : patinage artistique) qui s’est écroulé. Les autres ont patiné à leur niveau. »

Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat.  Trophé Bompard 2012, Paris.  Crédit photo : Emmelieke Odul

Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat.
Trophé Bompard 2012, Paris.
Crédit photo : Emmelieke Odul

Et le patinage de vitesse alors ? « Aucun effort n’a été fait sur les réelles chances de médailles, souligne Benoît Lallement. Tout a été misé sur le patinage artistique, les autres sports ont été laissés à l’abandon. Il n’y a pas de moyens, pas de coaches, pas de reconnaissances pour ces athlètes. » De ternes résultats qui handicapent la France dans le classement final des médailles selon Michel Vion : « nous sommes 10ème au classement des médailles (ndlr : 12ème à Vancouver). Le problème c’est que les 15 médailles sont réparties sur une seule fédération, la FFS. Sans compter les sports de glace, la France pointerait à la 4ème place. Si la FFSG avait ramené ne serait-ce que 4 ou 5 médailles en plus, nous pouvions lutter pour le top 5. Finalement le score ne repose que sur nos épaules ».

Outre la glace, des grands loupés, des grosses déceptions, il y en a eu. A commencer par le porte drapeau et son équipe. Le combiné nordique, que l’on voyait, que l’on voulait doré avant l’heure. Certes, il y a eu cette erreur de fart, assumée et revendiquée, mais pas seulement… « Les garçons sont sûrement arrivés un peu émoussés, un peu fatigués ». Et la malédiction du porte-drapeau, il en pense quoi Michel Vion ? « ça c’est un peu la question cliché. Mais ça n’a rien à voir ». Pour lui, l’analyse est ailleurs, plus profonde qu’un simple drapeau : « cela fait trois ans que Jason est au sommet de son sport. Il y a un an, il décrochait trois titres de Champion du monde. Depuis le début de saison, il est un peu moins bien. D’abord parce qu’il a eu des soucis personnels. Et ensuite parce que le combiné est un sport très exigent, qui peut laisser des traces. Il a tellement tout gagné qu’il ne peut plus être aussi dominateur qu’avant. Mais il va bientôt regagner, j’en suis sûr. » Pour Benoît Lallement, « le débriefing de Lamy-Chappuis sera intéressant pour l’ensemble de l’équipe de France. Cela pourra permettre de mener une réflexion sur la gestion d’une olympiade. C’est un bon exemple. Cela montre aussi à quel point il est difficile d’être Champion olympique deux fois de suite. »

Au chapitre des déceptions, il y a aussi l’équipe de France de ski alpin. Plus forte que jamais, riche de 13 podiums en début de saison, comment pouvait-on ne pas espérer vibrer devant le ski alpin ? Il a fallu attendre le slalom géant pour voir se débloquer le compteur avant qu’il ne se fige sur un total de deux médailles (l’argent pour Steeve Missilier et le bronze pour Alexis PInturault). « Même si le résultat est meilleur qu’à Vancouver, pour moi le bilan ne reste pas très bon », interprète Benoît Lallement. Même son de cloche du côté de la fédération : « on attendait 3 ou 4 médailles, on est un peu en dessous. On a une très belle équipe. On peut dire qu’on a fait le service minimum », commente Michel Vion. Les observateurs s’accordent à pointer du doigt les performances des françaises, en retrait sur ces Jeux olympiques. « En vitesse (ndlr : descente et super-géant), c’est catastrophique. C’est une équipe qui n’existe plus. Il va falloir s’interroger sur ce qu’il y a à faire et trouver une solution pour remotiver et sélectionner les filles, débriefe le journaliste sportif. En technique (ndlr : géant et slalom) c’est différent, les filles ont bien skié, elles étaient à leur place. Et puis avec la perte d’une leader comme Tessa (ndlr : Worley), c’est compliqué. » Les blessures de Tessa Worley et Marion Rolland retentissent à chaque fois qu’on évoque les résultats féminins. « C’est vrai que les blessures mettent en évidence ces faiblesses, explique le président de la FFS. Chez les garçons, il y a beaucoup de monde à la base, une bonne émulation alors que chez les filles, le niveau global est un peu inférieur. On a toujours des talents que les autres pays nous envie mais pas un gros réservoir derrière.»

Des faiblesses ressenties aussi en biathlon. Malgré les belles performances de Martin Fourcade et ses trois médailles (deux en or et une en argent), et de Jean Guillaume Béatrix (bronze), la France a souffert. « La deuxième semaine a été difficile pour les biathlètes, avoue Michel Vion. Même pour Martin qui est tombé malade. Il n’y a eu aucune médaille en relais, un fait rare pour la France, qui traduit un niveau moyen de l’équipe. Les athlètes étaient calés sur le rythme des Championnats du monde 2013. Ils ont atteint leur pic de forme en janvier, deux semaines trop tôt. Nous avons mal géré ce point-là.»

Le coup de cœur Vaultier

Mais Sotchi, ce sont aussi de beaux moments, de belles images. Le sourire de Chloé Trespeuch, troisième en Snowbardcross pour son premier podium mondial. Et la fraicheur de Colline Mattel. Michel Vion espère que le bronze de la jeune femme va donner du souffle au saut à ski, discipline qui a du mal à trouver son public en France. « Il y a une génération de 3 ou 4 filles qui peuvent réussir à s’exprimer sur les compétitions internationales. L’émulation est importante, un noyau dur commence à prendre. Chez les garçons, en revanche, on éprouve une grande difficulté à créer une équipe. Nous n’avons la culture saut en France. Nous essayons d’y remédier. Depuis 2/3 ans, nous avons mis en place un « plan tremplin » pour faire découvrir la discipline et la rendre accessible aux plus jeunes ». Des jeunes qui pourront également s’inspirer de Pierre Vaultier, le snowboarder sacré Champion olympique avec un ligament croisé du genou en moins. Pierre Vaultier, ou l’athlète coup de cœur de Michel Vion : « deux semaines avant les jeux on ne savait même pas si il allait y participer. Et puis il est arrivé et il a survolé la compétition. Il n’a jamais été inquiété. Ca c’est une vraie belle histoire ».

Comment parler de belles histoires sans évoquer le triplé en Skicross ? « C’est historique, sourit le président de la FFS. Après Vancouver, nous avons fait le choix de recruter des skieurs alpins et de les former au skicross. Un choix audacieux, comme le fait de les amener en Turquie une semaine avant l’épreuve. Si ça n’avait pas fonctionné nous aurions été très critiqués. »

Et si finalement les grands vainqueurs de ces jeux étaient les fondeurs ? Dans l’ombre des autres disciplines, mais aussi des nations ayant une culture nordique forte (Russie, Norvège, Suède), ils ont su tirer leurs épingles du jeu. Troisièmes sur le relais homme du 4×10 kilomètres, c’est la première médaille de l’histoire des Jeux pour les français dans cette discipline. Les filles sur la quatrième marche ne sont pas passées inaperçues et les nombreuses places dans les 10 en individuel de ces sportifs non plus. Pour Michel Vion, « le fond c’est la grosse satisfaction des ces jeux. On a joué dans les premiers rôles alors que nous n’avons pas la fibre nordique comme les pays scandinaves. Par rapport au niveau attendu et aux moyens que l’on possède dans ces disciplines, le bilan est très bon ».

Des belles histoires, des déceptions, des loupés, des sourires, de la colère, de l’émotion, des larmes… Tous ces sentiments qu’il va falloir mettre de côté, un moment seulement, pour les acteurs du ski français. Le temps de faire le bilan, discuter et mettre en place une nouvelle machine, celle qui ne regarde que devant : direction PyeongChang 2018. Moins de quatre ans séparent les skieurs, les snowboarders et les patineurs des prochains Jeux olympiques.

Méryll Boulangeat

@Meryll_B

 

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Skicross. Jonas Devouassoux, dans l’ombre d’un triplé historique

Ils étaient quatre français au départ du Skicross des Jeux Olympiques de Sotchi. Trois d’entres eux ont terminé sur le podium. Jonas Devouassoux, le quatrième de la bande, a pris la dixième place de l’épreuve. C’est depuis l’aire d’arrivée qu’il a assisté au sacre de ses trois copains. Pour Jonas, les sentiments s’entrechoquent : « un triplé français, aux Jeux olympiques, c’est magnifique ! J’ai vécu un moment de sport historique. Mais pour moi, c’est difficile, confie Jonas, car je ne fais pas vraiment partie de cet exploit ».

Jonas Devouassoux devant les anneaux olympiques à Sotchi

Le soir venu, alors que l’ambiance est à la fête dans le clan Français, Jonas préfère rejoindre sa chambre. « Je n’avais pas envie de plomber l’ambiance. Je n’étais pas dans le même délire que les autres. Eux étaient dans l’euphorie alors que moi j’étais déçu. J’avais besoin de m’isoler, confie le skieur.  Ce n’est pas que je n’avais pas envie de fêter leur réussite, nous le ferons d’ailleurs sûrement tous ensemble une fois la saison terminée, mais j’avais besoin d’être seul. A ce moment-là, il me fallait du temps pour digérer ma déception personnelle. J’étais au fond du gouffre ».

Sa chambre, il la partage avec le tout nouveau champion olympique, son camarade d’entrainement, Jean-Frédéric Chapuis. « Après la course, nos rythmes étaient décalés. Quand il rentrait se coucher, moi je me levais. Cela ne me dérangeait pas, ça fait partie du truc. »

Isolé par choix, dans sa « bulle », le skieur de Chamonix, prend le temps de réfléchir : « j’ai pensé à ce qui avait marché et ce qui n’avait pas fonctionné sur les quatre dernières années. J’ai fait un bilan pour pouvoir faire partie du triplé la prochaine fois ! ».

En plein contre-jour de cette toute nouvelle lumière qui éblouit le skicross français, Jonas se rend invisible aux yeux des autres. Il se fait discret, digère, cogite. Ses trois copains, au centre de toutes les attentions, sont touchés par la situation du Haut-Savoyard : « tous sont venus me voir. Nous avons discuté, ils m’ont réconforté. Ils comprennent parfaitement la situation dans laquelle je me trouve ».

Une déception, un échec qui ne laisse pas à Jonas qu’un goût amer, bien au contraire : « Je suis très content pour mes potes et pour le sport. Cela va permettre de faire connaître le skicross au grand public. Et puis, même si ce n’est pas évident pour moi, admet-t-il, c’est hyper stimulant de se dire que je fais partie de cette équipe et de m’entraîner avec les meilleurs. »

Une fois en France, alors qu’un tourbillon médiatique aspire les trois médaillés, Jonas quitte les montagnes pour retrouver sa copine à Dijon. « J’avais besoin de couper du ski, de la montagne, de tout le monde…Et aujourd’hui encore d’ailleurs », confie-t-il. Il a fait l’impasse sur la première Coupe du Monde qui a suivi les Jeux. Un peu trop tôt, un peu trop fatigué émotionnellement : « après les jeux, c’est difficile de repartir. On se prend un coup de barre émotionnel. On se relâche, c’est la fin d’un cycle de quatre ans. Même pour les médaillés et les entraîneurs ce n’est pas évident ».

Quand on demande à Jonas ce qui a été le plus difficile pendant ces jeux, il répond sans hésiter : « c’est un rêve de gosse qui s’est effondré »… Avant de poursuivre : «…en partie, car ce n’est pas fini. Il y aura d’autres occasions à venir ! ».

Méryll Boulangeat

Enak Gavaggio (précurseur du skicross en France) et Jonas au village olympique

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Skicross. Jonas Devouassoux, dans l’ombre d’un triplé historique

Ils étaient quatre français au départ du Skicross des Jeux Olympiques de Sotchi. Trois d’entres eux ont terminé sur le podium. Jonas Devouassoux, le quatrième de la bande, a pris la dixième place de l’épreuve. C’est depuis l’aire d’arrivée qu’il a assisté au sacre de ses trois copains. Pour Jonas, les sentiments s’entrechoquent : « un triplé français, aux Jeux olympiques, c’est magnifique ! J’ai vécu un moment de sport historique. Mais pour moi, c’est difficile, confie Jonas, car je ne fais pas vraiment partie de cet exploit ».

Jonas Devouassoux devant les anneaux olympiques

Jonas Devouassoux devant les anneaux olympiques

Le soir venu, alors que l’ambiance est à la fête dans le clan Français, Jonas préfère rejoindre sa chambre. « Je n’avais pas envie de plomber l’ambiance. Je n’étais pas dans le même délire que les autres. Eux étaient dans l’euphorie alors que moi j’étais déçu. J’avais besoin de m’isoler, confie le skieur.  Ce n’est pas que je n’avais pas envie de fêter leur réussite, nous le ferons d’ailleurs sûrement tous ensemble une fois la saison terminée, mais j’avais besoin d’être seul. A ce moment-là, il me fallait du temps pour digérer ma déception personnelle. J’étais au fond du gouffre ».

Sa chambre, il la partage avec le tout nouveau champion olympique, son camarade d’entrainement, Jean-Frédéric Chapuis. « Après la course, nos rythmes étaient décalés. Quand il rentrait se coucher, moi je me levais. Cela ne me dérangeait pas, ça fait partie du truc. »

Isolé par choix, dans sa « bulle », le skieur de Chamonix, prend le temps de réfléchir : « j’ai pensé à ce qui avait marché et ce qui n’avait pas fonctionné sur les quatre dernières années. J’ai fait un bilan pour pouvoir faire partie du triplé la prochaine fois ! ».

En plein contre-jour de cette toute nouvelle lumière qui éblouit le skicross français, Jonas se rend invisible aux yeux des autres. Il se fait discret, digère, cogite. Ses trois copains, au centre de toutes les attentions, sont touchés par la situation du Haut-Savoyard : « tous sont venus me voir. Nous avons discuté, ils m’ont réconforté. Ils comprennent parfaitement la situation dans laquelle je me trouve ».

Une déception, un échec qui ne laisse pas à Jonas qu’un goût amer, bien au contraire : « Je suis très content pour mes potes et pour le sport. Cela va permettre de faire connaître le skicross au grand public. Et puis, même si ce n’est pas évident pour moi, admet-t-il, c’est hyper stimulant de se dire que je fais partie de cette équipe et de m’entraîner avec les meilleurs. »

Une fois en France, alors qu’un tourbillon médiatique aspire les trois médaillés, Jonas quitte les montagnes pour retrouver sa copine à Dijon. « J’avais besoin de couper du ski, de la montagne, de tout le monde…Et aujourd’hui encore d’ailleurs », confie-t-il. Il a fait l’impasse sur la première Coupe du Monde qui a suivi les Jeux. Un peu trop tôt, un peu trop fatigué émotionnellement : « après les jeux, c’est difficile de repartir. On se prend un coup de barre émotionnel. On se relâche, c’est la fin d’un cycle de quatre ans. Même pour les médaillés et les entraîneurs ce n’est pas évident ».

Quand on demande à Jonas ce qui a été le plus difficile pendant ces jeux, il répond sans hésiter : « c’est un rêve de gosse qui s’est effondré »… Avant de poursuivre : «…en partie, car ce n’est pas fini. Il y aura d’autres occasions à venir ! ».

Enak Gavaggio (précurseur du skicross en France) et Jonas au village olympique

Enak Gavaggio (précurseur du skicross en France) et Jonas au village olympique

Méryll Boulangeat

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Histoire de médaille

Les Russes ont vu les choses en grand, en très grand pour ces Jeux Olympiques d’hiver. D’abord, il y a eu le parcours de la flamme olympique : 65 000 kilomètres parcourus, un voyage dans l’espace, une plongée dans le lac Baïkal et l’ascension du Mont Elbrouz (5 642 mètres d’altitude). Et puis ensuite, il y a eu les médailles. Pourquoi se contenter de faire des médailles banales alors que l’on pouvait faire mieux, plus original ?!

Les organisateurs ont annoncés que 7, des 98 médailles d’or décernées pendant les Jeux Olympiques de Sotchi, seraient ornées de morceaux de météorites. Parmi les chanceux, les gagnants des épreuves suivantes : ski alpin (super géant femmes), ski de fond (le relais féminin), le saut à ski (le K-125 hommes), le skeleton (épreuve masculine), l’épreuve de vitesse de patinage (le 1 500 mètres hommes) et le short track (les épreuves du 1 000 mètres femmes ainsi que le 1 500 mètres hommes).

Toutes ces épreuves auront lieu le 15 février. Une démarche symbolique pour l’état puisque cette journée marquera la date anniversaire de la pluie de météorites qui avait frappé la ville de Chelyabinsk, le 15 février dernier. L’évènement avait marqué les populations russes faisant 1 600 blessées et des dégâts estimés à plus de 25 millions d’euros.

Dans un communiqué, le responsable du ministère de la culture de cette région, Alexeï Betekhtine, a expliqué : « nos récompenses seront décernées à tous les athlètes qui auront remporté l’or ce jour-là, puisqu’une météorite, de même que les Jeux Olympiques, est un événement mondial ».

Les champions olympiques, sacrés le 15 février, auront une histoire de plus à ajouter à leur médaille !

Méryll Boulangeat

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Les soeurs dorées

J’aime bien les belles histoires. Et finalement, je crois ne pas être la seule. C’est pour ça qu’aujourd’hui, j’ai envie de vous conter l’histoire des sœurs Dufour-Lapointe. Elles sont canadiennes, belles, jeunes, souriantes, et un peu casse cou. Elles sont trois : Justine (19 ans), Chloé (22 ans) et Maxime (24 ans). Si je vous parle d’elles, c’est qu’hier, elles ont marqué les esprits. La plus jeune est devenue Championne Olympique de ski de bosses alors que la seconde, son aînée dans la vie, était sa dauphine. Maxime, la première de la fratrie à avoir vu le jour, a regardé le podium depuis l’aire d’arrivée, après avoir pris la douzième place de l’épreuve.

Il faut remonter en 1960 à Squaw Valley, aux Etats-Unis, pour retrouver trois sœurs prendre le départ des mêmes Jeux Olympiques. Les sœurs Leduc (Thérèse, Anne-Marie et Marguerite) représentaient le ski français mais aucune d’entre elle n’a réussi à se hisser sur la plus haute marche du podium. Ces histoires de sœurs font battre mon cœur car j’ai aussi deux sœurs (Mégane et Alizée) qui faisaient…des bosses !

Revenons à nos trois canadiennes. Deux blondes, une brune, trois caractères : selon leur grand-mère, Gabrielle, et leur grande tante, Simone (qui se sont confiées au site canadien La presse) , Justine, la jeune Championne Olympique, serait la plus bavarde. Maxime, l’aînée, celle qui concocte les meilleurs petits plats et Chloé, la médaillée argentée, la plus stylée ! Mais une fois sur la piste, ces trois là ne pensent plus qu’à une chose : être les meilleures.

Rivales sur la piste, elles sont inséparables dans la vie. L’esprit de famille prédomine chez les Dufour-Lapointe. Même compte Facebook, même compte Twitter : elles sont indissociables. Leur maman est petit à petit devenue leur agent. Ma sœur, Alizée, Championne du Monde junior de bosse en 2006 et présente sur les coupes du monde pendant sept ans, les a côtoyées sur les compétitions. Elle les a vu arriver au compte goutte sur le circuit : « Maxime est arrivée en premier. Puis il y a eu Chloé qui a tout de suite fait de bons résultats et puis Justine pour finir. Au début, elles s’entrainaient seules avec un coach personnel. Petit à petit, elles ont rejoint l’équipe du Canada mais toujours un peu en marge des autres. C’était un peu comme un groupe dans le groupe. Le groupe des Dufour-Lapointe. Je crois d’ailleurs qu’elles veulent lancer leur propre marque ».  Avec une médaille d’or et une médaille d’argent olympique en poche, tout porte à croire que leur future marque « SDL » (Sœurs Dufour-Lapointe) se prédestine à un avenir doré.

Méryll Boulangeat

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Marie Martinod : Mélirose, « ma maman c’est la meilleure ! »

Marie et Mélirose Crédit Photo : Tristan Shu

Marie et Mélirose
Crédit Photo : Tristan Shu

Mélirose est une petite blondinette de 4 ans. En décembre, elle est partie aux Etats-Unis. Pour deux mois. Quand on lui demande ce qu’elle va faire là-bas, elle répond sans réfléchir : « je vais regarder ma maman et l’encourager »… et pour cause, sa mère n’est pas n’importe qui.

Marie Martinod est une skieuse freestyle de 29 ans. Sa discipline ? Mélirose nous l’explique: « elle fait du pipe. C’est comme un tuyaux qui bascule à droite et à gauche ». Comprenez : une sorte de demi tube dans lequel s’élancent des skieurs pour enchaîner des figures aériennes et acrobatiques. Mélirose, le regard fuyant « parce qu’il y a de la neige à la télé » précise sa grand-mère, continue : « comme figure, elle sait faire des 720, des 360 et des back flips ». Rien que ça ! Une formalité pour Mélirose comme pour sa maman !

Marie dans le pipe de Tignes (X-Games 2013)
Crédit Photo : Andy Parant

Une maman au parcours atypique puisque la jeune femme s’est lancée le défi de reprendre la compétition après six ans d’absences. Six années pendant lesquelles elle a ouvert avec « son homme » un bar de nuit dans une station de ski. Une nouvelle vie, un nouvel univers. Entre temps, la petite Mélirose a vu le jour.

Une vie bien rangée… jusqu’à cette annonce de l’intégration du ski Half Pipe au programme des Jeux Olympiques de Sotchi.  Marie a fini par céder à la sollicitation de ses anciennes copines de ski pour préparer l’échéance de février 2014. La flamme n’a pas mis longtemps à s’embraser de nouveau.  « Je trouve ça bien qu’elle ait décidé de reprendre. Elle avait le sentiment d’avoir fait le tour à l’époque », raconte Françoise, sa maman.

Marie Martinod  Crédit Photo : Andy Parant

Marie Martinod
Crédit Photo : Andy Parant

Avec un tel objectif en tête, le retour sur les planches de Marie n’est pas de tout repos. « On ne peut pas arriver au niveau des filles sans préparation physique. La première partie de sa carrière était plus facile. Elle était assez douée pour ne pas avoir besoin d’en faire beaucoup ! » Aujourd’hui, les choses sont différentes. Marie le sait et se donne les moyens de réussir. « Elle a fait une grosse préparation avec la fédé avant de reprendre  le ski à Tignes. Marie est entière. Quand elle fait quelque chose, elle fonce. Elle ne veut pas avoir de regrets. Quel que soit le résultat à Sotchi, elle aura donné le meilleur d’elle-même », raconte Françoise.

Le travail de Marie est une prise de risque quotidienne. Évoquer la peur d’une maman pour sa fille avec Françoise est rassurant. « Il y a des moments où j’ai été inquiète. Et puis je repense à moi quand j’étais jeune. Je n’aurais pas voulu que ma mère m’interdise de faire ce genre de chose. Je crois qu’il ne faut pas y penser. Le plus gros accident qu’elle a eu c’était en voiture. Qui pense être en danger en prenant sa voiture le matin ? La vie est comme elle est. On ne peut jamais savoir. C’est une philosophie de vie je crois ».

Reprendre la compétition ? Oui. Se lancer dans l’aventure Sotchi ? Pourquoi pas. Partir loin de son conjoint et de la petite Mélirose ? « Hors de question, selon Françoise. Pour Marie, la famille c’est super important. Sans sa fille et son homme, elle n’aurait pas pu le faire, ce n’était même pas la peine d’y penser. Elle les emmène partout avec elle. C’est elle qui organise les trajets et les déplacements de sa petite famille. Elle ne peut pas se séparer de sa fille. Déjà quand elle part trois jours en Suisse pour s’entraîner, c’est presque le drame. » Mélirose, elle, ne demande pas son reste et suit sa maman partout sans rechigner. Une vie qui lui va plutôt bien. Sa grand-mère trouve que c’est « une gamine hyper épanouie. Elle profite de tout. Tout ce qu’elle vit à travers ces voyages c’est merveilleux. Elle a déjà sauté une classe ! ».

Et si Marie ne gagne pas les Jeux Olympiques ? « Y a pas de si elle gagne pas » sourie Françoise avant d’expliquer que « ce n’est qu’une étape dans une vie, pas une fin en soit. Et je pense que Marie dirait la même chose ». Son fan club sera à Sotchi. « Une bande de copains et copines. Nous avons déjà nos billets pour aller l’encourager et la soutenir ». Pour Mélirose, pas de place au doute, sa maman va gagner « parce que c’est la meilleure ».

Méryll Boulangeat

Marie et Mélirose  Crédit Photo : Tristan Shu

Marie et Mélirose
Crédit Photo : Tristan Shu

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