L’épreuve de Coupe du monde disputée à Méribel a mis le petit monde du VTT Trial en ébullition. Alors que certains pilotes et médias spécialisés ont dénoncé un parcours trop difficile et dangereux à l’approche des Championnats du monde (le 6 septembre en Norvège), d’autres comme Vincent Hermance, ont souhaité exprimer leur plaisir de se dépasser sur des parcours un peu plus engagés. Le champion du monde en titre partage sa vision de son sport et de la prise de risque qu’il nécessite.

Vincent Hermance, Champion du monde de VTT trial 26 » Crédit photo : Méryll Boulangeat
» Il y a avant tout une idée reçue qui m’exaspère : le trial spectacle serait une forme de prostitution aux sirènes de la médiatisation, pervertir une pratique noble pour la dénaturer. Hors si je fais du trial, c’est aussi parce que c’est un sport spectaculaire, parce que les gens sont ébahis par nos performances et qu’on fait rêver les gamins. Si j’avais vu mon idole de jeunesse, Monsieur Marc Vinco, descendre de son bike en haut de la cascade de Bercy parce qu’il prenait trop de risques, et bien j’aurais arraché mes posters de lui et j’aurais fait du BMX. Mais non, il s’est dépassé, il m’a fait rêver, et avant tout il s’est fait rêver lui-même j’en suis sûr. A titre personnel, je trouve qu’il n’y a pas de plus belle définition du trial que la zone de branches au dessus de l’eau proposée à Meribel, la fameuse zone qui a cristallisé le débat.

Vincent Hermance à Méribel sur « la fameuse zone qui a cristallisé les débats » Crédit photo : Méryll Boulangeat
En plus d’être technique et complète, elle était spectaculaire. Pas du genre spectaculaire parce que tracée à cinq mètres du sol. Mais spectaculaire de par les émotions qu’elle procure à toutes les personnes présentes : le spectateur néophyte ne peut concevoir une bicyclette passant par ces voies, l’aficionado n’ose l’imaginer, le pilote en rêve secrètement et clame haut et fort qu’il triomphera aisément alors qu’au fond de lui, il a certainement peur.

Kevin Aglae, Champion de France de VTT trial 26 » sur la zone « Italie » de la coupe du monde de Méribel Crédit photo : Méryll Boulangeat
Je me rêve depuis toujours Viking. Le genre de mec qui ne connaît pas la peur. Mais j’en suis bien loin. Qu’à cela ne tienne, il y a du coup un panel d’émotions à dompter. J’aime le trial lorsqu’il me pousse à me dépasser. Je me bats pour passer un centimètre de plus ici ou là, mais je trouve bien plus fort de se battre non plus contre une toise mais contre soi même. Le sport est pour moi un condensé de la vie, alors lorsqu’avant un passage je crains pour ma carcasse, que lors de l’action je me sens guidé par l’instinct de survie, et qu’après celui-ci j’ai l’impression d’avoir terrassé un dragon trop longtemps enfoui en moi, et bien je bénis le traceur de m’avoir offert cela. De tels moments n’ont pas de prix, je vis pour cela. J’aime le trial pour sa complexité et pour ce que chacun peut y trouver, y puiser. Je respecte la vision de chacun. Acceptez que je fasse du trial parce que les combats de gladiateurs sont obsolètes. »
Vincent Hermance

Gilles Coustellier Crédit photo : Méryll Boulangeat